Entrée, plat, dessert de Giulia Barut : derrière le contenu italien se cache une nouvelle esthétique venue tout droit des Etats-Unis

Une hirondelle ne fait pas le printemps et un livre ne fait pas une tendance. Mais l’ouvrage de Giulia Barut, à l’esthétisme provocateur, augure peut-être un virage intéressant et fort de l’édition culinaire.

Hachette Pratique sort pour cet été un manuel/livret de cuisine composé de 24 menus pour des soirées entre amis, avec une proposition « entrée ,plat, dessert »… Sous le format d’un cahier de recettes, avec une grosse spirale en guise de reliure, ce livre propose au lecteur de savoir orchestrer un dîner entre amis ou en famille, en un tour de main, ou presque. Personne en cuisine au moment du dîner, mais une organisation rudement menée en amont. En résumé, il vous faudra une après-midi de préparation préalable, comme à une époque où les femmes (très souvent elles, voire toujours), avaient une demi-journée libre pour faire briller leurs talents le soir. En outre, l’organisation du menu est loin des us et coutumes d’aujourd’hui, où le dîner se compose davantage d’apéro avec un plat unique et un dessert. Les pratiques ont bien évolué depuis les repas typiquement français des années 80/90 dont fait référence l’auteur, avec entrée plat dessert… Ce livre se veut à la fois « tendance » et il se réfère portant dans sa préface et sa construction à une époque révolue loin des moeurs d’aujourd’hui.

Cet ouvrage occupe une place vraiment atypique sur les tables des librairies. On y sent un vrai parti-pris graphique et artistique, le nom du directeur artistique est ainsi indiqué à côté du nom de l’auteur. Les photos sont très marquées par l’utilisation d’une lumière au flash directe, qui écrase avec peu d’ombres, pourtant très noires.

Le déroulement du livre est jalonné de photos lifestyle : verres renversés, bouteilles vides, bouches teintées de rouge à lèvres, mangeant de la viande. On se rapproche ici de la photo de mode trash.

Quant au choix de la vaisselle, très vieillotte, les plats sont photographiés sur des fonds colorés. On est dans un style vintage, voire kitsch, et la plupart des recettes sont à forte connotation italienne. On pourra quand même s’interroger sur l’intérêt d’illustrer des recettes que l’on ne voit pas vraiment dans l’assiette, puisque l’angle ne permet pas de voir le contenu de cette dernière.

Ce livre est écrit par une parfaite inconnue, et non une instagrameuse. Le CV de l’auteur est une anti-punchline du rédacteur de recettes. En effet, la nouvelle tendance de l’édition culinaire consiste à publier les recettes les plus simples possible, les plus faciles, pour ne pas faire peur aux lecteurs souvent porter majoritairement par des influenceurs. Depuis quatre ou cinq ans, arrive aux Etats Unis ce type d’esthétique de livre de cuisine (vaisselle kitsch, poêle sur la gazinière, fonds colorés, lumière au flash et grandes tables), Entrée plat désert vient en fait tout droit des tendances « food » américaines, et de l’évolution de l’image culinaire d’aujourd’hui, influencée fortement par les Etats-Unis. 

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Entrée Plat Dessert : 24 menus déjà établis pour s’organiser et profiter 
de Giulia Barut et Swann Fourmanoy (photographies) | 2024 | Ed. Hachette Pratique | 29,90€

DOSSIER

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