Aurélien Largeau : « Je tiens à démentir formellement toutes les allégations portées à mon encontre »

Depuis près de 24 heures, les médias et les réseaux sociaux réagissent à un ‘bizutage’ très violent d’un commis dans les cuisines de l’Hôtel du Palais à Biarritz. Premier visé et premier responsable désigné, le chef Aurélien Largeau, qui a quitté son poste. Contacté par Bouillant(e)s, il conteste les faits et se dit ‘dévasté’ par ces accusations.

Que s’est-il vraiment passé dans les cuisines du restaurant gastronomique de l’Hôtel du Palais de Biarritz, le 9 décembre dernier ? Le journal Sud Ouest, à l’origine de l’information, a écrit il y a quelques jours que « selon plusieurs témoignages, un jeune commis aurait été attaché nu à une chaise devant des membres de la brigade placée sous l’autorité et en présence du chef Aurélien Largeau. Des images ont été enregistrées puis partagées sur les réseaux sociaux dans lesquelles la victime apparaitrait avec une pomme dans la bouche et une carotte dans les fesses. » Contacté par Bouillant(e)s, Aurélien Largeau conteste totalement ces allégations : « Les faits rapportés ne reflètent en rien la réalité (…) Ce sont des faits mensongers qui portent gravement atteinte à mon honneur » avance le chef qui se dit « dévasté ». Âgégé de 31 ans, recruté en 2020, il rappelle amèrement qu’ « en violation des obligations les plus élémentaires des journalistes, je n’ai jamais été contacté avant la publication de cet article » et qu’il n’a pu donc avoir « la possibilité d’établir la vérité ». Il précise qu’il n’a été contacté par la rédaction de Sud Ouest ni pour l’article du 26 décembre, ni pour le suivant, celui qui a été largement repris par la presse, en date du 27 décembre. 

Pourtant, le journal Sud Ouest affirme, sur la foi de « plusieurs témoignages » qu’Aurélien Largeau était présent dans les cuisines au moment de la commission des faits. « Jamais je ne m’associerais à de tels comportements » explique-t-il pourtant à Bouillant(e)s, des mots qu’il a également mis en ligne sur le réseau social Instagram. À la question de savoir qui est à l’origine des brimades, il répond sobrement : « Je n’en ai aucune idée. Je subis la situation, c’est tout. » Le chef, qui n’a pas souhaité s’étendre sur le déroulé précis des faits conclut : « Mes avocats organisent actuellement ma défense afin de faire cesser la diffamation dont je suis victime ». 

Des vidéos rapidement enlevées des réseaux sociaux, des témoignages de personnes présentes lors des faits recueillis mais pas du principal intéressé que tout accuse, et la direction d’un hôtel, dirigé par le puissant groupe Hyatt, qui a cherché à étouffer l’affaire. Un autre témoignage, anonyme, recueilli par Sud Ouest, précise que « les services informatiques du groupe ont vérifié qu’il n’y avait plus rien en ligne ». La direction de l’hôtel, qui a été alertée par mail des faits dégradants, n’aurait pas non plus répondu avant… que cela ne sorte dans la presse. Cette même direction qui, justement, n’a pas souhaité répondre à la presse pour donner son point de vue. 

Avant que la presse ne s’empare du sujet, en cette toute fin du mois de décembre, Aurélien Largeau a quitté le célèbre établissement le 19 décembre. Selon nos informations, le chef cherchait à quitter l’Hôtel du Palais depuis plusieurs semaines pour monter sa propre affaire. Même si l’exacte vérité semble plus complexe que ce qui a été relayé par la presse, il y a fort à parier que les deux parties – le chef et la direction de l’hôtel – ont essayé de minimiser au maximum les effets de ce ‘bizutage’ scandaleux, voire d’étouffer l’affaire, et de tourner la page comme si rien ne s’était passé. Ce qui était possible hier l’est beaucoup moins aujourd’hui…

Reste qu’aujourd’hui les dégâts sont phénoménaux : un chef, coupable ou pas coupable, qui ne dispose probablement plus d’aucun avenir dans le monde de la restauration en France ; un hôtel prestigieux qui voit son image dégradée pour longtemps ; un groupe, Hyatt, qui a voulu fermer les yeux sur des faits d’une extrême gravité pour mieux protéger son image et sa réputation ; un secteur de la restauration qui, une fois de plus, passe pour un monde brutal dans lequel on n’a pas forcément envie d’envoyer ses enfants travailler. 

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Photographie | DR

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Portrait d’un chef résilient, qui a tout connu, de l’étoile Michelin à… quatre AVC, une vie abîmée mais une envie folle d’avancer et de montrer que le handicap, ce n’est pas la fin des haricots

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