Les réseaux sociaux aiment s’emporter. Ils aiment, ils adorent, ils surkiffent ou ils détestent, ils haïssent, ils vomissent. Noir ou blanc. Dichotomique par excellence. Alors, il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour deviner que la communication de Cédric Grolet à propos de son sandwich jambon-fromage allait soulever les foules. D’autant plus que le pâtissier s’est déjà fait allumer à plusieurs reprises pour le tarif de ses produits. Là, et même s’il y a quelques lamelles de truffe (mélangées avec des cornichons, c’est peut-être là que le bât blesse), il lui est reproché en outre la taille du produit, qui semble très petite, et la quantité de jambon ou de comté proposée. L’homme en prend pour son grade. Il a l’habitude.
Mais est-ce justifié ? Vendre un sandwich aujourd’hui, à Paris, avec des produits de qualité, avec un nom connu comme le sien, à ce tarif-là, est-ce vraiment honteux ? Difficile de juger la qualité du produit puisque je n’ai pas goûté l’objet du délit, comme la plupart des contempteurs d’ailleurs. Ce qui choque donc, c’est le prix, c’est ce différentiel terrible entre le sandwich de la boulangerie du coin de la rue et cet ovni tarifaire signé Grolet. Sauf que, là où le débat devient intéressant et porteur, c’est de se rappeler que le pâtissier vient du monde du palace, du Meurice en l’occurence, où il signe toujours les desserts. Or, dans ces palaces, un sandwich à 30€, même lilliputien, c’est cadeau. Ô bien sûr, qui dit très grand hôtel dit frais multiples et conséquents, d’où des tarifs élevés (lesquels permettent aussi d’être un outil « naturel » de sélection de la clientèle) qui ne se retrouvent pas dans une simple boutique, fut-elle placée avenue de l’Opéra.
Ce que se voit reprocher indirectement Cédric Grolet, c’est d’avoir extrait une logique produit-tarif issue du monde du palace, accompagnée en outre d’une communication très grand public. C’est ce hiatus-là que les polémiques soulèvent sans l’exprimer aussi clairement. Car qui va hurler sur les tarifs exorbitants des produits de type « snacking » vendus entre les quatre hauts murs des palaces parisiens (lire ci-dessous) ? Personne puisque cela ne s’ébruite pas, cela ne se communique pas puisque la clientèle n’aime rien tant que de vivre en vase clos.
D’un certain point de vue, il nous faut plutôt remercier Cédric Grolet d’extérioriser non seulement une certaine excellence du produit (qui peut se discuter, certes) mais aussi et surtout cette logique tarifaire réservée à une élite qui se complait dans la discrétion de ces lieux prestigieux où l’on a parfois perdu un peu le bon sens.
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Quelques plats « snacking » proposés dans les palaces parisiens
Au Bar Vendôme du Ritz (Paris, 1er arr.), le « Ritz Burger » (steak de boeuf salers ou angus, tomate, laitue, oignons, sauce relish, double cheddar et frites) se vend à 55€ ; le croque-monsieur (avec une crème truffée) se déguste pour la modique somme de 56€). Vous y ajoutez un oeuf – la version « Madame » – et vous grimpez à 62€. Le tarif sera identique pour un club sandwich.
Au Dali, brasserie chic du Meurice (Paris, 1er arr.), le croque-monsieur (jambon, comté, salade) atteint les 48€, tout comme le cheeseburger ; le club sandwich se déguste au tarif de 52€,
À la Galerie, au sein du Plaza-Athénée (Paris, 8e arr.), le club sandwich est à 44€, le « croque-Plaza » (avec de la truffe noire) atteint 58€. Quant au croque-madame (sans truffe), il coûte 40€, tout comme le smash burger de boeuf Wagyu.
Dans une autre Galerie, celle du George V (Paris, 8e arr.), le croque-monsieur truffé se négocie à 62€, soit un peu plus que le burger à la française et ses pommes frites à 59€.
Au Lobby du Peninsula (Paris, 8e arr.), le croque-monsieur (avec truffe) se vend à 64€, le club sandwich traditionnel à 49€. Quant aux burgers, le classique est proposé au tarif de 52€, le « cheese » grimpe à 55€.
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Pratique | Cédric Grolet sur Instagram