Il ne fait pas bon être nominé au Gault&Millau. Car si tu rates ton tour en année 0, t’es foutu pour l’année suivante. En 2024, outre Yoann Conte, qui a été nommé « Cuisinier de l’année », il y avait à ses côtés Jérôme Banctel, Olivier Bellin et Olivier Couvin. Pourquoi ont-ils été nommés, personne ne le sait à part le grand manitou, Marc Esquerré. Une chose est certaine, les trois perdants de l’an dernier n’ont aucune chance de remporter le morceau en cette fin d’année 2024 : ils ne sont tout simplement plus sur la shortlist. Ont-ils démérité ? Difficile à croire, notamment pour Jérôme Banctel qui a raflé entre temps la troisième étoile au guide Michelin et le titre de chef de l’année par le magazine Le Chef.
Et pour les pâtissiers ? La logique est la même : on ne retrouve ni Benoit Charvet, ni François Josse, ni Benoit Jabouille. Et pour les sommeliers ? Même chanson, ils ont tous sauté ! Pour les directeurs de salle ? Idem. En 2023, il n’y avait pas eu de nommés pour les catégories « Grand de demain » et « Jeune talent ». Outre les gagnants, qui logiquement ne sont pas repris pour le nouveau casting, tous les autres « perdants » de l’an dernier sont donc évincés des nominations. Cela en dit long sur ne serait-ce qu’un début d’objectivité culinaire et/ou professionnelle du guide jaune.
Avec le Gault&Millau, il ne fait pas bon non plus d’être… une femme. Sur les 24 nommés, il n’y en a que deux : Martine Decoret (Maison Decoret, Vichy) pour le prix du « directeur de salle », et Margaux Le Baillif (Nuance, Bayonne) pour le prix « Jeune Talent ». Encore faut-il préciser qu’elle n’est pas nommée seule (elle l’est avec le chef Brice Goeuriot), comme si elle devait être chaperonnée pour sa nomination. Sur la photographie de famille (voir ci-dessus), les deux femmes sont stratégiquement placées à droite et à gauche ; comme deux petits arbres qui cachent une immense forêt testostéronnée à fond.
Comme nous l’écrivions il y a un an (lien vers l’article ci-dessous), ce système où Marc Esquerré sélectionne quelques noms, sans le moindre critère ou la moindre explication, relève d’un choix politique et arbitraire, avec pour seule finalité une logique de communication au service du guide mais au détriment des principaux intéressés. Rendez-vous le 18 novembre au Trianon (Paris) pour connaitre les heureux élus.
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Les 24 nommés pour l’édition France du Gault&Millau 2025
Cuisinier de l’année
Frédéric Anton – Le Pré Catelan (Paris, 16ème)
Glenn Viel – L’Oustau de Baumanière (Les-Baux-de-Provence)
Jacques Marcon – Restaurant Régis & Jacques Marcon (Saint-Bonnet-le-Froid)
Nicolas Masse – La Grand’ Vigne – Les Sources de Caudalie (Martillac)
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Pâtissier
Michael Bartocetti – Le Cinq – Four Seasons Hôtel Georges V (Paris, 8ème arr.)
Sébastien Nabaile – La Table de Pavie Hôtel de Pavie (Saint Emilion)
Pierre-Jean Quinonero – Le Cap – Grand Hôtel du Cap-Ferrat (Le Cap-Ferrat)
Patrice Ibarboure – La Table des Frères Ibarboure (Bidart)
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Directeur de salle
Julien Freulon – Chantecler, Negresco (Nice)
Cédric Servain – Lameloise (Chagny)
Martine Decoret – Maison Decoret (Vichy)
Nicolas Brossard – Christopher Coutanceau (La Rochelle)
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Sommelier
Benjamin Bonano – Granit – La Mécanique des Frères Bonano (Colombières-sur-Orbes)
Bastien Debono – Yoann Conte (Veyrier du Lac)
Emmanuel Cadieu – Plénitude – Cheval Blanc (Paris, 1er arr.)
Frédéric Bouché – L’Assiette Champenoise (Tinqueux)
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Grand de demain
Bertrand Noeureuil – L’Observatoire du Gabriel (Bordeaux)
Emmanuel Kouri – Les Jardins de Kerstéphanie (Sarzeau)
Clément Guillemot – Choko Ona (Espelette)
Arthur Dubois – Maison Dubois (Paris, 8ème arr.)
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Jeune Talent
Quentin Durand – Maison Vermer (Saint-Malo)
Charles-Antoine Jouxtel – Symbiose (Cabourg)
Jérôme Laurent – Empreinte (Paris, 2ème arr.)
Brice Goeuriot et Margaux Le Baillif – Nuance (Bayonne)
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Photographie | DR