Rendez-nous Omnivore. Le vrai, le pur, l’originel. Ou presque. Sans remonter jusqu’au Havre en 2006 ou Deauville, si déjà nous retrouvions un peu de l’esprit parisien, celui de la Mutualité à ces débuts, mutualiste et sincère, ce serait déjà tellement bien.
Nul parisianisme mal placé en souhaitant un retour en terre parisienne – Vincennes n’est pas si loin -, mais le souhait simple – et ô combien partagé – de retrouver un état d’esprit dans lequel la valorisation de la Jeune Cuisine se faisait dans un espace de liberté un poil foutraque, un poil libertaire, en dehors des clous. Et tant pis si, financièrement, le festival ne tournait pas très rond, si quelques factures ont été oubliées en route, valant quelques disputes ad vitam aeternam entre l’organisateur et des chefs et des producteurs. Il y avait un engagement, un discours et une vérité salutaires qui faisait d’Omnivore le rendez-vous incontournable pour tous, où l’on se rendait avec l’émotion de découvrir de nouvelles têtes, de croiser toutes ces personnes qui évoluent dans le pâle monde virtuel toute l’année. Lieu de rencontres, d’échanges, de partages, Omnivore jouait son rôle. Un oeil sur la grande scène, l’autre à reconnaitre untel ou untel, tout le monde se croisait, se saluait, ça discutait sur les marches de la Mutualité, la bouche toujours prête à découvrir un petit plat ou un grand verre, et le tour était joué. Le bonheur omnivore.
Mais, aujourd’hui, le rêve est terminé, le foutraque n’est plus. Le tenancier historique, Luc Dubanchet, a choisi a sécurité pour éviter la sortie de route humaine et financière. Celle-ci porte un nom : GL Events. Le festival a été digéré à l’acide du rigorisme financier. Désormais, il y a parfois plus de stands qui cherchent à faire connaitre ses produits que de visiteurs. Les partenariats sont omniprésents et l’espace Transgourmet prend plus de place que la grande scène. Nous pourrions être dans n’importe quel salon dédié à l’agroalimentaire que le visiteur n’y verrait que du feu.
Ah la grande scène… Tristesse ! A part quelques grands noms qui l’ont fait déborder, elle fut d’un triste à mourir. On regrette, justement, en parlant de mort, le regretté Sébastien Demorand, l’animateur historique, qui nous faisait sentir et manger à distance. Disparue également le cadre de la grande scène de la Mutualité, sa hauteur sous plafond, sa puissance et son histoire. Là, on se croirait dans un hangar anonyme de lointaine banlieue où l’on a enlevé des caisses pour y poser rapidement quelques chaises et une estrade. L’animateur actuel, Aïtor Alfonso, a beau s’activer : la sauce (Gribiche fut-elle) ne prend pas. Ne prend plus. Comme un signe que le fric a pris le dessus sur la philosophie de base d’Omnivore, cette grande scène se situe tout au bout de notre froid hangar, histoire de devoir passer devant tous les stands mercantiles. On se croirait au supermarché, avec les bouteilles de coca et d’eau pétillante au fond. Omnivore version Monoprix, Grand Frais, Action ou Lidl ?
Sur les trois jours du salon, la fréquentation a toujours suivi peu ou prou la même règle : une journée forte, le lundi, là où il y a les « pros ». Le dimanche et le mardi – surtout le mardi – souffrent d’un manque de souffle. Dimanche, jusque tard dans la journée, il n’y avait pas grand-monde sur les conférences, pour ne pas dire parfois personne. Ca parlait dans le vide pendant que le café coulait à flot du côté du Paris Coffee Show.
D’une certaine façon, Omnivore tourne un peu dans ce même vide qui questionne l’avenir de ce genre d’événements. Quoiqu’il en soit, rendez-nous Omnivore. Le vrai, le pur, l’originel. Ou presque. Est-ce trop demandé ?
_____
Pratique | Lien vers le site Internet d’Omnivore