Le pain, le sacré et la liberté d’un panophile aventurier

On ne compte plus les ouvrages sur le pain, les bons et les moins bons, tout comme on ne comptabilise plus les chefs qui ouvrent leur fournil ou leur boulangerie. Le pain est partout, de l’autel à la table païenne. Le passionné et érudit Jean-Philippe de Tonnac apporte une nouvelle fois sa pierre à l’édifice de la sainte panification avec son livre « Le pain et le sacré » où il raconte avec passion « les aventures d’un panophile ».

Le pain nous est essentiel. Ô bien sûr, nous pourrions survivre sans lui, tout comme la poésie ou la littérature, mais tout de même. Cité au tout début du livre, l’écrivain et poète Christian Bobin résume très bien, à sa façon, la place du pain dans notre vie : « Le pain est un ange, le plus petit, tout au bas de l’échelle des anges. Enlevez-le et il n’y a plus d’échelle. »  

Auteur d’une trentaine de livres, Jean-Philippe de Tonnac continue son approche globale du pain, mélangeant son histoire personnelle et la grande Histoire de ce produit qu’il qualifie de « sacré ». Ses rencontres, ses émotions, sa vision un peu mystique du produit, l’auteur, titulaire d’un CAP de boulanger, les narre avec le talent du romancier et la précision de l’historien. 

Des Corbières jusqu’en Anatolie, de Paris à la Bretagne en passant par la Provence, notre panophile aventurier conte le pain dans toute sa diversité et lui apporte une dimension qui dépasse de très loin la banalité de ce produit du quotidien. 

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Le Pain et le sacré. Les aventures d’un panophile | Ed. Guy Trédaniel | 2024 | 18€

MICHELIN FRANCE 2025

LES COURTS BOUILLANTES

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La SNCF mène-t-elle grand train avec son nouveau bistro ?

La SNCF a lancé début mars une nouvelle offre de restauration à bord de ses TGV. Dans une sorte de retour sur son histoire et de tentative de coller à la mode des bistrots, des plats chauds tels que les crozets reblochon et la saucisse purée sont désormais disponibles. Mais est-ce bon ? Pour Bouillantes, la journaliste Sarah Rozenbaum a goûté.

Guillaume Galliot : « Mon terroir est international » (podcast)

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Ultraviolet (Shanghai) : fin d’une table d’intention

À quoi tient la véritable singularité d’un restaurant : la cuisine, le talent culinaire du chef, le prestige de l’adresse, les moyens économiques ? Et si la réponse se nichait ailleurs, du côté d’un vocable rarement utilisé dans le monde de la gastronomie, celui de l’intention ? Application d’une réflexion très concrète avec la fermeture prochaine du restaurant Ultraviolet de Paul Pairet.

Fermeture du restaurant Ultraviolet (Shanghai) : entretien avec Paul Pairet

Fin mars 2025, le restaurant Ultraviolet fermera définitivement ses portes après treize années d’activité. Ce concept, unique au monde, qui convoque tous les sens et propose une scénographie exceptionnelle du repas, a été récompensé de trois étoiles au guide Michelin. Le média Bouillantes s’est rendu à Shanghai pour rencontrer le chef Paul Pairet qui explique les raisons de cette fermeture et ses projets.

Maison Ruggieri (Paris, 8e arr.) : la nouvelle équipe évincée sans ménagement et un ‘deux étoiles’ qui fout le camp

L’histoire aurait pu être belle. Elle a viré au cauchemar. Après le départ du chef Martino Ruggieri du restaurant qui portait son nom, la propriétaire des lieux Shamona Viallet a fait venir une nouvelle équipe issue d’un grand palace parisien, le Bristol (Paris) en promettant un « projet trois étoiles » et des investissements à la hauteur. La réalité a été totalement différente : une mise à l’écart sans les formes et un nouveau projet qui tangue déjà. Récit.

Shamona Viallet (propriétaire de Maison Ruggieri) : « Vous m’appelez pour écrire un article mais vous ne savez pas qui je suis »

Contactée par Bouillantes pour comprendre pourquoi six cuisiniers capés, venant notamment du restaurant Epicure (Paris, 8e arr.), ont quitté leur poste pour rejoindre un projet qui ne verra jamais le jour avec eux, la propriétaire de l’ex-Maison Ruggieri (et du restaurant Maison Dubois) a joué au chat et à la souris, refusant de répondre, bottant en touche, convoquant ses avocats à de multiples reprises, oubliant même sa promesse d’investir dans un projet qu’elle voulait « trois étoiles ». Entretien aux limites de l’absurde mais riche de sens.

Hakuba (Paris, 1er arr.) : plénitude à tous les étages

Au rez-de-chaussée du Cheval Blanc Paris, la cuisine « boulangère » de Maxime Frédéric a cédé sa place depuis plusieurs mois aux menus omakase d’Hakuba, table « gastronomique dans un Japon ritualisé » dirigée par Takuya Watanabe et orientée par Arnaud Donckele. Le résultat est ébouriffant.

On ira manger… chez Maison Lagure (La Garenne-Colombes, 92)

Il est de retour. Après le Lucas Carton, puis le Saint-James où il était salarié, le chef Julien Dumas se lance dans l’aventure entrepreneuriale. Avant de créer une table aux ambitions gastronomiques, il ouvre Maison Lagure qui se veut « chaleureuse et familiale ». Et ambitieuse.

Ventes, ouvertures, développement : Alain Ducasse joue au Monopoly

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Il a longtemps cherché, plusieurs fois hésité, puis il s’est arrêté sur cette adresse de la rue Faidherbe pour ouvrir sa table fin 2023. Depuis, le Vaisseau du chef Adrien Cachot ne désemplit pas et les louanges ne cessent pas non plus. Après avoir enfin trouvé un petit siège, Bouillantes y a posé son séant. Un voyage ébouriffant.

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