Vaisseau (Paris, 11e arr.) : excitation papillaire totale

Il a longtemps cherché, plusieurs fois hésité, puis il s’est arrêté sur cette adresse de la rue Faidherbe pour ouvrir sa table fin 2023. Depuis, le Vaisseau du chef Adrien Cachot ne désemplit pas et les louanges ne cessent pas non plus. Après avoir enfin trouvé un petit siège, Bouillantes y a posé son séant. Un voyage ébouriffant.

Complet, complet, complet puis, un jour, une table et deux sièges à disposition pour le voyage. Bingo, réservation en ligne terminée, direction Vaisseau. Noire et contemporaine notre caravelle ne s’est pas contentée de caboter avec des assiettes lisses et faciles. Ce n’est pas trop le genre du pilote de chasse culinaire Adrien Cachot. D’emblée, il dépose sur table un long parcours gustatif détonant : la bouche ne se contente pas de s’amuser, elle s’éclate à tout-va avec des produits d’ici et d’ailleurs, des saveurs profondes, des épices qui vous gratouillent la langue avec amour. Ca pétille. Le Vaisseau se mue en fusée. 

Après cette première étape extatique, le menu ne connaitra pas le moindre trou d’air, jusqu’au dessert qui vient conclure un déjeuner d’une rare intensité. Inutile de décrire ici les plats, d’évoquer même tel ou tel produit ; ce qui compte ici, c’est le ressenti, les émotions, la fulgurance totale d’un repas qui bouscule le mangeur sans jamais tomber dans le facile, le gimmick, le répétitif. Les arts de la table sont pensés de bout en bout, le service, discret mais empathique, tient la route, tout comme la carte des vins qui ne cherche pas à épater mais à sustenter toutes les soifs. Un repas chez Vaisseau, ça ne se décrit pas vraiment, ça se vit. Comme un voyage en terre lointaine : l’expérience s’épuise dès qu’elle se limite à quelques mots, aussi justes soient-ils. 

Déjà, en 2022, du côté du Perchoir, où il faisait « résidence » dans une cuisine-cagibi, il délivrait une cuisine profonde, marquante. Là, dans son enivrant Vaisseau et sa cuisine ouverte, Adrien Cachot atteint des sommets culinaires. Lui, dans sa souriante et attachante nonchalance, il assure qu’il peut monter plus haut encore. Le pire, c’est que l’on n’en doute pas une seule seconde. D’où cette irrépressible envie de repartir en goguette culinaire dans ce Vaisseau le plus vite possible et de ne rien rater des voyages sublimes d’Adrien Cachot.

_

EN VIDÉO

Portrait d’un chef résilient, qui a tout connu, de l’étoile Michelin à… quatre AVC, une vie abîmée mais une envie folle d’avancer et de montrer que le handicap, ce n’est pas la fin des haricots

LA PLATEFORME BOUILLANTES SUR INSTAGRAM

LE TOP 3 DES ARTICLES LES PLUS LUS

ABONNEMENT

Abonnez-vous au seul média indépendant et quotidien de la food

Tous les matins, recevez La Bouillantes de 8h30 dans votre boite mail.

Abonnez-vous en suivant ce lien

LES DERNIERS ARTICLES

« Trouver des solutions sans cesse, c’est ça être entrepreneur » : grand entretien avec Christophe Aribert

Depuis 2019, le chef Christophe Aribert dirige sa Maison, à Uriage-les-Bains (38). Profondément engagé dans le respect et la valorisation de son territoire, il a construit un établissement écoresponsable. Il s’exprime sur sa Maison, la place de l’écologie dans son quotidien, mais aussi sur sa propre évolution vers un management respectueux de l’humain.

Jérémy Biasiol, cuisinier résilient en route vers le MOF

Un corps en souffrance, une vie diminuée, voire annihilée. Mais une envie de vivre renouvelée au service d’un projet ambitieux pour mettre un coup de pied dans une fourmilière rarement tendre. Handicapé touchant et touché, mais pas coulé, Jérémy Biasiol se prépare aux épreuves du concours du MOF cuisine. Bien au-delà de son combat solitaire, il a surtout la volonté de porter un double message universel. Portrait d’un cuisinier résilient.

Chère Hélène Darroze, votre silence sur les violences m’interpelle…

Suite à la publication d’un article sur Bouillantes où nous mettions en exergue d’importants dysfonctionnements dans le restaurant doublement étoilé parisien, Marsan, la cheffe Hélène Darroze et sa directrice du développement Christelle Curinier n’ont pas réagi. Une absence de réaction choquante au regard des faits signalés. D’autant plus que ce n’était pas la première fois.

Fabrice Idiart (Le Moulin d’Alotz, 64) : « Ma table passe en 100% végétal »

Le chef Fabrice Idiart, à la tête du Moulin d’Alotz (Arcangues, 64) depuis sept ans, a décidé de faire évoluer son offre. En 2023, il avait supprimé la viande ; l’an dernier, c’était le tour des fruits de mer. Décembre 2025, le poisson quitte également la carte. La table devient 100% végétale. Explications avec Fabrice Idiart.

Ras-le-bol des calendriers de l’avent gourmands

Il y avait les bûches et les galettes et, désormais, il y a les calendriers de l’avent. Pas un jour sans recevoir un mail, voire plusieurs, pour vanter ces créations commerciales qui proposent neuf fois sur dix de vous enfiler chaque jour dans le gosier une atrocité culinaire en petit format. 31 cases, 31 doses : ces calendriers ressemblent à une opération festive de mithridatisation au service de l’industrie agroalimentaire.

La Liste, un classement fiable ? Oui pour…. 6% des votants

La Liste, qui a annoncé son « classement des classements » le lundi 24 novembre, constitue-t-elle un classement fiable des restaurants à travers le monde ? Notre sondage ne laisse aucun doute sur la nature de la réponse avec seulement 6% de réponses positives. Un camouflet de plus à mettre à l’actif de Philippe Faure et Hélène Pietrini.

Alain Ducasse et son pop-up en Arabie saoudite : une triste leçon de marketing opportuniste 

Comment peut-on justifier la création d’un pop-up au fin fond de l’Arabie saoudite quand on revendique « une alimentation bonne à penser avant d’être bonne à manger », la naturalité et la responsabilité écologique ? En créant un concept bien sûr, censé se suffire à lui-même pour être politiquement correct. Aux principes et à la cohérence, Alain Ducasse préfère l’opportunisme. Une triste leçon de marketing.

La TVA réduite à 5,5% pour les maitres restaurateurs ne passe pas au Sénat

Un amendement, déposé au Sénat, proposait d’instaurer un taux de TVA réduit de 5,5% pour les établissements titulaires du titre de maitre-restaurateur, une idée lancée il y a quelques semaines par le restaurateur Stéphane Manigold et le chef Philippe Etchebest. Les autres restaurants resteraient soumis au taux réduit de TVA à 10 %, à l’exception des prestations de livraison de repas à consommation immédiate réalisées par les plateformes ou les entreprises de la restauration rapide qui seraient soumises au taux normal de TVA à 20 %. L’ambition affichée de cette mesure

Le « bistrot de village », nouvelle marotte des grands chefs ?

Alors que la haute gastronomie se questionne sur ses codes et son modèle économique, de nombreux chefs à la tête de tables étoilées se lancent dans l’aventure complémentaire du « bistrot de village ». Proximité, mixité sociale, sauvegarde d’un commerce, diversité des offres et des postes pour les équipes, les avantages sont nombreux (avec quelques écueils à ne pas négliger) et positionnent la cuisine comme un outil politique de premier plan.

Le Michelin lâche sa grappe

Le guide Michelin a présenté aujourd’hui son système des grappes, à l’image des étoiles pour les restaurants, pour noter les « talents viticoles ». Après les tables, les hôtels, voilà donc le tour du vin d’entrer dans l’écosystème de notation du guide. Se pose la question des moyens humains et financiers mis en face pour remplir un tel objectif à l’échelle mondiale.

L’algorithme de La Liste existe-t-il seulement ? 

Depuis dix ans, la Liste, originellement créée dans le but revendiqué de contrer la prétendue francophobie du World’s 50 Best, annonce son classement mondial en se référant à un algorithme capable d’avaler des milliers de sources. Sauf que tout prête à croire que cet algorithme n’existe pas.

LA PLATEFORME BOUILLANTES