Voilà une décision qui fait plaisir : pour le « camembert » hors AOP, il n’y a pas « photo » de Normandie possible. Par six arrêts du 10 janvier 2025, la cour administrative d’appel de Nantes a jugé que les étiquettes des boîtes de camemberts qui ne bénéficient pas de l’appellation d’origine protégée (AOP) « Camembert de Normandie », ne doivent pas, en utilisant des termes ou un graphisme qui évoquent une origine normande de ce camembert, laisser penser à tort aux consommateurs que le camembert concerné bénéficie de cette AOP.
N’est donc pas Normand qui veut en matière fromagère. La cour nantaise rappelle ainsi que selon un règlement de 2012 de l’Union européenne et le cahier des charges de l’AOP, la dénomination « camembert de Normandie » est réservée aux camemberts faits à partir de lait cru, avec moulage à la louche, le lait provenant de troupeaux comprenant au moins 50% de vaches normandes et bénéficiant d’une durée de pâturage de six mois.
La cour juge en revanche que des mentions telles que « élaboré avec le lait de nos producteurs normands », « camembert élaboré à partir de lait de Normandie », « lait 100% normand » ou encore « lait d’origine : Normandie », figurant en petits caractères sur l’étiquette du dos de la boîte de camembert, dès lors qu’elles n’associent la Normandie qu’à l’origine du lait entrant dans la composition du fromage et non pas directement au terme « camembert », ne pouvaient pas être interdites par l’administration. Mais cela n’est pas suffisant pour les industriels, nombreux sur le marché porteur du camembert, notamment à l’international. Selon le journal Les Echos, le groupe Lactalis souhaite porter l’affaire devant le Cour de cassation.