Le consommateur souffle, le restaurateur fulmine. La ministre déléguée au commerce, Olivia Grégoire, a tranché la polémique grandissante autour du ticket restaurant. Le problème posé était simple : le ticket restaurant pourrait-il encore, en 2024, servir à acheter des produits du type farine, oeuf, riz ou autres produits bruts dans son supermarché préféré ? Depuis août 2022, précisément avec la loi du 16 août, de tels achats sont possibles, contrairement à l’objectif premier dudit ticket qui ne devait servir qu’à acheter des repas dans des restaurants ou des produits finis, du type sandwich. Mais crise économique oblige, le titre, possédé par quelque cinq millions de salariés et accepté dans plus de 234 000 commerces, constitue désormais une « arme » pacifique pour soulager le panier du consommateur. La loi précitée permettait de tels achats jusqu’à la date du 31 décembre 2023. D’où le débat qui agitait le consommateur, le restaurateur et la sphère politique, notamment l’opposition qui hurlait au scandale, qui désirait prolonger cette autorisation.
Olivia Grégoire a donc tranché en faveur de la prolongation de l’utilisation à tout-va du titre restaurant. Reste maintenant à régler la question juridique posée. « Est-ce que c’est simple à faire ? », s’est interrogé Bruno Le Maire au sujet d’une éventuelle prolongation de la dérogation. « Non, car il faut une disposition législative », a-t-il relevé. « Nous sommes en train d’étudier les possibilités législatives qui permettraient d’étendre au-delà du 31 décembre 2023 cette faculté d’utilisation », a expliqué le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « Au moment où je vous parle, je n’ai pas la solution législative. Je vous le dis très simplement, mais je suis favorable à cette extension », a-il ajouté.
Dans un communiqué de presse, l’Umih ne cache pas qu’il est vent debout et s’oppose à cette décision : « Cette disposition exceptionnelle et temporaire a permis au secteur de la grande distribution de bénéficier d’un regain d’activité au détriment des restaurateurs. Ainsi, entre le quatrième trimestre 2022 et le deuxième trimestre 2023, la part de marché des grandes et moyennes surfaces a progressé de 4.9 points alors que celles des restaurateurs a reculé de 3.2 points sur la même période. » Et d’ajouter : « Une reconduction de cette disposition exceptionnelle transformerait le titre restaurant en « titre caddie. »
_____
Photographie | Alex Shuper