Que vaut le restaurant Le Royal (Champillon, Marne) ? Bouillant(e)s y est allé manger

CV impressionnant, racines transalpines et gueule d’ange d’un côté, palace champenois, nom royal et ambitions XXL de l’autre : le duo Paolo Boscaro et Royal Champagne Hôtel et Spa a de l’allure sur le papier. Mais, dans l’assiette, que vaut vraiment la table étoilée le Royal ? Verdict. 

L’environnement

Sur les hauteurs d’Épernay, l’hôtel Royal Champagne domine une belle immensité de vignes. La bâtisse en impose, tout comme son luxe qui ne se cache pas. La clientèle internationale – près de 90% d’étrangers, dont une majorité d’Américains – apprécie comme il se doit. Au deuxième étage de la longue bâtisse moderne se trouvent le restaurant Bellevue, le bar Abysse et la table étoilée, le Royal. Spa exceptionnel, avec sublime piscine intérieure, au premier niveau.

_____

Le cadre intérieur

Drôle de salle, carrée de forme mais arrondie par de grands tableaux ovales qui représentent les femmes de Napoléon. Parquet, tables et assises basses, statue de Napoléon au centre, lustre en bulles soufflées et luxe confortable. On aime ou pas le style, disons simplement que l’ensemble affiche une belle cohérence. 

_____

Le service

Discret et précis, professionnel comme il faut. Le chef sommelier Philippe Marques vous parle avec un bel engouement de sa passion pour les poivres, le directeur du restaurant Grégory Charlier veille au grain. 

_____

La fleur de navet, marinée au vinaigre de Reims, crème glacée à la verveine consommé de petit pois

L’assiette

Elle est maitrisée, parfaitement, presque trop parfois. Aucun reproche ne peut être fait à chacun des plats, à l’image de ces dernières « tomates d’antan confites, caviar et sabayon au champagne, tomates marinées, sorbet tomate, fromage frais aux amandes » ou de ses « gnocchi aériens, pecorino pepato et safran, crème parfumée à la sauge, agrumes confits ». Mention spéciale pour une sublime « noix de ris de veau croustillante et parfumée à la fève de tonka, carottes et blettes, jus de veau au cacao et sabayon à la bière rémoise ». Quant au dessert, réalisé par la pâtissière Claire Santos Lopes, « poire de champagne en croûte de sucre, miel de nos ruches et pollen », il s’inscrit plus dans le registre canaille et casse – de jolie façon – le registre très ordonné et policé des étapes salées.  

Paolo Boscaro en dates

2004 – 2013 | Commis chez Lasserre (Paris 8e arr.) ; premier chef de partie au Carré des Feuillants (Paris 1er arr.) ; premier chef de partie au Grand Véfour (Paris 1er arr.) ; premier chef de partie au Meurice (Paris 1er arr.)
_
2013 – 2015 | Chef adjoint chez Kei (Paris, 1er arr.)
_
2015 – 2017 | Chef de cuisine à L’Escargot 1903 (Puteaux, Hauts-de-Seine) ; première étoile au guide Michelin en 2017
_
2018 – 2021 | Chef de cuisine du Restaurant Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace (Lausanne, Suisse)
_
2022 | Chef exécutif du Chais Monnet et Spa (Cognac, Charente)
_
12 mai 2023 | Nommé chef exécutif du Royal Champagne (Champillon, Marne)

_____

La cave

Le champagne à l’honneur bien évidemment et, plus largement, une carte qui multiplie les très jolis flacons. Joli choix de vins tranquilles de la région. 

_____

L’expérience globale

Le chef Paolo Boscaro a une gueule d’ange avec, parfois, de fugaces expressions de diablotin malicieux. Mi-angélique, mi-démoniaque, l’homme est assurément faussement sage. Arrivé au Royal en mai dernier, après une étape du côté de Cognac au Chais Monnet, Paolo Boscaro maitrise parfaitement les codes gastronomiques et sait mélanger avec talent ses racines transalpines et les produits du terroir champenois. Il développe de fait une cuisine qui coche toutes les cases de ce que l’on attend d’une telle adresse : un peu de personnalité dans l’assiette mais pas trop, du produit noble à répétition et une technicité maitrisée, le tout joliment déposé dans une belle vaisselle. Il y a surtout au final une cohérence globale entre l’assiette, le service, le cadre et la clientèle visée. Voilà l’essentiel. Reste à savoir si, dans les mois et années à venir, le diablotin Paolo Boscaro imprimera au fil des menus une cuisine moins angélique, peut-être moins cajoleuse et moins consensuelle, pour développer une partition culinaire plus à son image, malicieusement surprenante. 

_____

La table et les guides

Le guide Michelin juge que « le chef Paolo Boscaro a pris les cuisines en main avec autorité. Les gnocchi aériens, pecorino pepato et safran, crème parfumée à la sauge et agrumes confits, atteignent quasiment la perfection ». La table jouit à ce jour d’une étoile rouge. Du côté du Gault et Millau, la table dispose d’une note de 15,5, avec un texte des plus élogieux. Selon Bouillant(e)s, la table coche déjà toutes les cases pour rêver d’une deuxième étoile. Mais, souvent prudent et avec déjà de nombreux prétendants qui attendent au portillon des deux étoiles, pas impossible qu’il faille attendre une année ou deux pour qu’elle tombe à Champillon. 

Terrasse du restaurant Bellevue

_____

Pratique | 9 rue de la République, Champillon (51) | 03.26.52.87.11 | reservation@royalchampagne.com | Site du Royal Champagne

EN VIDÉO

Des dizaines de témoignages soulèvent les relations troubles entre le Gault et Millau et l’agence Com En Régions

ABONNEMENT

Abonnez-vous au seul média indépendant et quotidien de la food

Tous les matins, recevez La Bouillantes de 8h30 dans votre boite mail.

Abonnez-vous en suivant ce lien

CHEZ BOUILLANTES, C’EST LA RED WEEK :
-50% SUR L’ABONNEMENT ANNUEL, SOIT UN TARIF DE 46,20€ TTC

Sélectionnez l’abonnement annuel et tapez le code de réduction BLACKWEEK pour profiter d’une réduction de 50%. 

Lien vers la page abonnement

LES DERNIERS ARTICLES

Ras-le-bol des calendriers de l’avent gourmands

Il y avait les bûches et les galettes et, désormais, il y a les calendriers de l’avent. Pas un jour sans recevoir un mail, voire plusieurs, pour vanter ces créations commerciales qui proposent neuf fois sur dix de vous enfiler chaque jour dans le gosier une atrocité culinaire en petit format. 31 cases, 31 doses : ces calendriers ressemblent à une opération festive de mithridatisation au service de l’industrie agroalimentaire.

La Liste, un classement fiable ? Oui pour…. 6% des votants

La Liste, qui a annoncé son « classement des classements » le lundi 24 novembre, constitue-t-elle un classement fiable des restaurants à travers le monde ? Notre sondage ne laisse aucun doute sur la nature de la réponse avec seulement 6% de réponses positives. Un camouflet de plus à mettre à l’actif de Philippe Faure et Hélène Pietrini.

Alain Ducasse et son pop-up en Arabie saoudite : une triste leçon de marketing opportuniste 

Comment peut-on justifier la création d’un pop-up au fin fond de l’Arabie saoudite quand on revendique « une alimentation bonne à penser avant d’être bonne à manger », la naturalité et la responsabilité écologique ? En créant un concept bien sûr, censé se suffire à lui-même pour être politiquement correct. Aux principes et à la cohérence, Alain Ducasse préfère l’opportunisme. Une triste leçon de marketing.

La TVA réduite à 5,5% pour les maitres restaurateurs ne passe pas au Sénat

Un amendement, déposé au Sénat, proposait d’instaurer un taux de TVA réduit de 5,5% pour les établissements titulaires du titre de maitre-restaurateur, une idée lancée il y a quelques semaines par le restaurateur Stéphane Manigold et le chef Philippe Etchebest. Les autres restaurants resteraient soumis au taux réduit de TVA à 10 %, à l’exception des prestations de livraison de repas à consommation immédiate réalisées par les plateformes ou les entreprises de la restauration rapide qui seraient soumises au taux normal de TVA à 20 %. L’ambition affichée de cette mesure

Le « bistrot de village », nouvelle marotte des grands chefs ?

Alors que la haute gastronomie se questionne sur ses codes et son modèle économique, de nombreux chefs à la tête de tables étoilées se lancent dans l’aventure complémentaire du « bistrot de village ». Proximité, mixité sociale, sauvegarde d’un commerce, diversité des offres et des postes pour les équipes, les avantages sont nombreux (avec quelques écueils à ne pas négliger) et positionnent la cuisine comme un outil politique de premier plan.

Le Michelin lâche sa grappe

Le guide Michelin a présenté aujourd’hui son système des grappes, à l’image des étoiles pour les restaurants, pour noter les « talents viticoles ». Après les tables, les hôtels, voilà donc le tour du vin d’entrer dans l’écosystème de notation du guide. Se pose la question des moyens humains et financiers mis en face pour remplir un tel objectif à l’échelle mondiale.

L’algorithme de La Liste existe-t-il seulement ? 

Depuis dix ans, la Liste, originellement créée dans le but revendiqué de contrer la prétendue francophobie du World’s 50 Best, annonce son classement mondial en se référant à un algorithme capable d’avaler des milliers de sources. Sauf que tout prête à croire que cet algorithme n’existe pas.

Comment le Michelin a coincé La Liste

En 2023, le guide Michelin a joué un très mauvais coup à La Liste. Celle-ci s’est trouvée dans une impasse, obligée de renier soit l’intégrité de son prétendu algorithme, soit son indépendance, garante de sa pérennité économique et politique.

Lettre d’excuse du Gault et Millau : le pire bad buzz de l’histoire du guide

Le guide Gault et Millau a eu l’idée saugrenue de publier sur son compte Instagram une parodie de « lettre d’excuse » justifiée par les « désagréments occasionnés par (son) incorrigible enthousiasme gastronomique » et par la qualité de son travail de valorisation des restaurants. Une lettre qui a mis le feu aux poudres puisqu’elle donne l’occasion aux professionnels du secteur d’exprimer au Gault et Millau ses quatre vérités et plus encore. Un feu d’artifice de critiques qui fait mal.

Le restaurant Guy Savoy occupe (encore) la première place de La Liste 2026, avec… Joël Robuchon

La Liste vient de communiquer sur le haut de son classement. Dix tables occupent la première place, issues de huit pays différents. Exit Cheval Blanc (Saint-Tropez) du chef Arnaud Donckele, mais statu quo pour le restaurant Guy Savoy qui conserve encore et toujours la première place en dépit du bon sens. Le restaurant Robuchon au Dôme (Macau) occupe également la première place du palmarès. Parmi les autres restaurants en tête de Liste : Cheval Blanc by Peter Knogl (Bâle, Suisse), Da Vittorio (Brusaporto, Italie), Le Bernardin (New York, USA),

Logiciel de caisse : la certification obligatoire a du plomb dans l’aile

En dépit des récentes perquisitions qui ont eu lieu dans le monde de la restauration et des fortes suspicions de fraude, un amendement a été adopté par l’Assemblée nationale pour maintenir le système d’auto-certification des éditeurs de logiciels de caisse. Les arguments développés en faveur de ce nouveau recul sont très contestables.

Michel Roth, BHV et Shein : un chef devenu sourd et muet ?

Les chefs sont-ils sourds et aveugles ? Pas impossible. Alors que toutes les enseignes qui ont une image à défendre ont quitté le BHV parisien où s’est installée la marque Shein, le chef Michel Roth, présent avec sa « Table cachée » fait… la sourde oreille.

LA PLATEFORME BOUILLANTES