Demain, le restaurant sans téléphone portable ?

Alors que pointe des envies toujours plus fortes de « digital detox », le restaurant semble avoir lâché toute réflexion sur l’omniprésence désastreuse du téléphone à table. Alors que de nombreux chefs regrettent son utilisation régulière et néfaste pour la bonne appréciation des plats, n’est-il pas temps de repenser la place du téléphone à table et d’agir collectivement pour en limiter l’usage ?

Puisque le restaurant s’est mué au fil des années en scène de spectacle, un jour, peut-être, à l’instar des salles de concert ou de théâtre, un speaker anonyme demandera à haute voix aux convives d’éteindre leur téléphone portable et de le glisser sous la table avant le début des agapes. Cela pour le respect du repas, la paix collective et, surtout, pour faire revenir à table une convivialité et une commensalité largement écornées, voire perdues.

Donner des ordres au client n’appartient que peu au petit monde du restaurant. D’autant plus qu’imposer l’extinction du téléphone ne reposerait sur aucune base juridique : on ne peut – qu’on le regrette ou pas – interdire son usage. Néanmoins, on sent bien poindre depuis quelques années comme une envie des restaurateurs de limiter son usage. Certains se souviendront du pictogramme représentant un petit appareil photo barré à la Grenouillère – histoire de recommander de ne pas poster ses photos de plats pendant le temps du repas qui, forcément, avait fait débat. Un récent article de l’excellent magazine Télérama s’interroge justement sur « Le restaurant sans téléphone » et cite une table, Les Petits Plats de Mamama (Rothau, Alsace) qui interdit à ses clients de sortir leur téléphone. À Paris, le cofondateur du Social Bar, Renaud Seligmann, a créé les soirées « Si tu sors ton tel, tu as un défi ». L’objectif est clair : remettre de la convivialité, réentendre des rires, des discussions et vivre avec les personnes physiquement présentes et non avec ses connaissances virtuelles. 

Par-delà ces initiatives ponctuelles, ne faudrait-il pas que le secteur de la restauration – et disons-le, sa frange gastronomique – se penche sérieusement sur cette question du téléphone portable et de son omniprésence à table ? Bien sûr, cela semble impossible tant ce petit morceau de technologie a envahi nos vies et que le droit n’a pas de prise pour débrancher nos vilaines habitudes. Reste le bon sens commun qui pourrait être convoqué via un mouvement collectif et oecuménique – les syndicats, le Collège culinaire de France, les guides gastronomiques… – pour la mise en place d’un pictogramme, d’un petit texte glissé dans chaque menu, voire d’un label qui signifierait au client que le restaurant est un lieu de convivialité, une bulle de plaisir dans laquelle il est possible de couper ses connexions virtuelles. Au théâtre, à l’opéra, au cinéma, la plupart des spectateurs arrivent à déconnecter le temps de la représentation ou de la séance pour mieux plonger dans le récit proposé. Voilà bien la preuve que couper son téléphone pendant le temps d’un déjeuner ou d’un diner ne relève pas de l’impossible mais d’une simple volonté qui manque aujourd’hui. C’est cette volonté qui, si elle n’est pas portée par une action individuelle, peut être coordonnée par une approche collective non coercitive. Ouvrons le débat pour que le repas au restaurant redevienne une parenthèse enchantée dans nos vies numériques survoltées.

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Photographie | Getty Images

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Jonathan Dudek, qui travaille chez Arnaud Nicolas (Paris) a remporté mercredi 5 novembre le premier championnat de France de pâté-croûte (c’était avant la sélection France). Il représentera son pays avec six autres candidats pour la finale mondiale. 

10/11 | Première sélection à Manille (Philippines), Helm décroche deux étoiles

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09/11 | Un rapport préconise la fin de l’alcool à la buvette de l’Assemblée nationale

Un rapport parlementaire publié le 31 octobre préconise l’interdiction de vendre de l’alcool à la buvette de l’Assemblée nationale. En 2024, les ventes d’alcool ont représenté près de 100 000€. Comme l’explique le député socialiste Philippe Brun,  « l’Assemblée est un des rares lieux de travail où l’alcool est autorisé. Ce que je constate, c’est que mes collègues en consomment très peu. La buvette sert essentiellement des Coca Light. »

08/11 | Le guide Michelin débarque en Nouvelle-Zélande

En partenariat avec Tourism New Zealand, Michelin a annoncé le lancement d’un guide en Nouvelle-Zélande. Il couvrira Auckland, Wellington, Christchurch et Queenstown. Aucune date précise n’a été communiquée pour sa publication. Ce sera en 2026. Il s’agit d’une première sélection du Bibendum en Océanie. 

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