Le terroir peut-il mentir ? Probablement puisqu’il est depuis longtemps (toujours ?) un objet de luttes politiques. Ce mot, revenu dans le langage courant ces dernières années, semble difficile à traduire tant il mélange les éléments : de l’humain, de la culture, une géographie et les interactions dynamiques entre eux. Certains y ajouteront les vocables de racines ou d’identité, et y verront une ouverture ou une fermeture à l’autre. Contrairement à ce que l’on nous laisse souvent croire, le terroir, sa perception et ses enjeux ne sont pas univoques.
Le livre de Samuel Grzybowski ne cache pas son jeu. Intitulé « Les terroirs et la gauche : un amour méconnu », l’activiste, cofondateur du mouvement Coexister, entend « mener la bataille culturelle contre l’extrême droite ». Derrière une écriture limpide et vive, il parle de la France dans toute sa richesse, abordant autant le vin « naturel » que le rap, les fromages, l’Unesco, les tiers-lieux paysans ou les guerres de l’eau, et replaçant le tout dans un contexte d’engagement politique.
Il ressort de ce livre ce sentiment puissant que les terroirs constituent des entités vivantes, ouvertes, dynamiques et inclusives, loin des clichés rétrogrades et crépusculaires qu’une partie non négligeable du personnel politique veut nous faire croire. Territoire de luttes, de vies et de produits bien sûr, le terroir constitue une clé politique majeure pour comprendre la France. Avec habilité et sans manichéisme abusif, l’auteur rappelle que si l’extrême droite a fait son lit électoral en caricaturant les territoires, la gauche se doit aujourd’hui de renverser la table pour faire cesser les manipulations identitaires et faire revivre pleinement les ressources des terroirs.
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Les terroirs de la gauche. Un amour méconnu | de Samuel Grzybowski |
Ed. Du Faubourg | 2024 | 19€