Il aura peut-être fallu attendre près de dix longues années pour que la situation soit réellement prise en compte par la société, et notamment par la représentation politique française. Depuis 2014 et les premières révélations, le sujet revenait régulièrement sur le tapis mais, malheureusement, il était encore rapidement glissé dessous, laissant les victimes seules et démunies. Ces dernières années, les choses ont profondément changé avec une multiplication des initiatives et un livre qui a mis en avant de nombreux témoignages – malheureusement anonymes – prouvant la dimension systémique de ces violences en cuisine.
Prenant acte de la situation, le député de la France Insoumise Hadrien Clouet, sociologue dans la vie civile, a décidé ce lundi 7 juillet de rédiger une proposition de résolution « tendant à la création d’une commission d’enquête sur les violences en cuisine ». Son texte expose longuement la situation, donnant des chiffres, reprenant divers témoignages, accablant un milieu profondément violence. « Aussi, plutôt que d’avaliser les discours médiatiques ou d’accepter l’invisibilisation du sort des personnels de cuisine, cette proposition de résolution tend à mettre en place une commission d’enquête afin d’établir un état des lieux des violences dans la restauration » conclut le député, avant de proposer un article unique qui dispose que : « En application des articles 137 et suivants du Règlement de l’Assemblée nationale, est créée une commission d’enquête, composée de trente membres, chargée de dresser un état des lieux des violences dans le secteur de la restauration, c’est-à-dire leur répartition, leurs auteurs, les facteurs de prévention et à l’inverse d’exposition des professionnels de la restauration au danger, physique comme psychologique. »
Le regard de la sociologue Raphaëlle Asselineau, responsable de la rubrique Cul-Cul sur Bouillantes
« Je me réjouis de la proposition de commission d’enquête sur les violences en cuisine. Nous sommes nombreuses et nombreux à tirer la sonnette d’alarme depuis des années. Ces violences ne sont pas des faits divers : elles sont systémiques.Il faut dénoncer, sanctionner, agir, réparer et accompagner les victimes. Il était temps que ces réalités soient prises au sérieux au plus haut niveau. J’espère que cette commission ira au bout, sans complaisance — pour qu’enfin, on cesse de croire que travailler en cuisine rime forcément avec souffrir. »
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Photographie | Nadine E