Nom de nom ! Yves-Marie très remonté contre… Le Bourdonnec

Yves Marie vend Le Bourdonnec et, comme souvent, en vendant son nom, il s’est attiré quelques emmerdes. Il l’a fait savoir sur Instagram. Bouillant(e)s explique une situation fort peu agréable.

Que votre marque porte votre nom (et votre prénom) a son charme. C’est bon pour l’égo, c’est bon pour l’identité, c’est souvent bon pour le business. Mais les choses se compliquent quand l’heure est venue de vendre sa marque. Car vendre son nom, c’est parfois vendre son âme patronymique au diable et, malheureusement, c’est toujours perdre la main sur une partie de soi, celle sur laquelle l’on a investi du temps et de la notoriété. Et de l’argent bien évidemment.

Yves-Marie Bourdonnec, que l’on classait il y a quelques années dans la famille des « bouchers stars », a monté en 1987 sa boite avec, sur l’enseigne, son patronyme. L’homme a du talent, du savoir-faire et du flair. Sa petite entreprise ne connait pas la crise et prend du poids au fil des années. Il ouvre des points de vente pour permettre d’écouler la viande des éleveurs qui font partie intégrante de l’aventure. En 2017, le boucher ouvre son capital pour stabiliser son développement. Ce capital, il l’ouvre un peu trop, jusqu’à perdre le contrôle de sa propre entreprise. Celui qui prend alors le poste de directeur général explique qu’il passe de la boucherie à… la réalisation de tableaux Excel. Autant dire que la passion a déserté le bonhomme. Pire, alors qu’Yves-Marie Le Bourdonnec voulait développer la filière, les nouveaux cadors de la marque, eux-mêmes fournisseurs de viande, ont des visées à l’exact opposé : leurs productions doivent suffire à alimenter les points de vente estampillés Le Bourdonnec. Fin 2021, la coupe est pleine et les désaccords trop significatifs pour que l’aventure continue ainsi. Yves-Marie demande à partir. Les deux nouveaux actionnaires majoritaires proposent au boucher de devenir ambassadeur de la marque qui porte son nom. Il vend alors ses dernières actions pour se contenter de porter le chapeau de représentant officiel. Sur le papier, tout le monde est content. Yves-Marie a encore une dizaine d’années à tenir avant la retraite, et la modeste rémunération proposée pour utiliser son nom lui suffit. Sauf que, patatras, au bout d’un an, il est licencié pour raisons économiques. La marque Le Bourdonnec entend désormais se passer d’Yves-Marie, son fondateur éponyme.

Après le mariage, le divorce. Un classique, ou presque. Il faut parfois du temps pour que la séparation s’officialise et devienne publique. Quand l’affaire est privée, le foyer éclaté reste néanmoins circonscrit. Mais cela peut prendre des proportions autres quand il en va du monde des affaires. Alors que la nouvelle offre présente en boutiques – désormais nommées Maison Bourdonnec – ne correspond plus à ce qu’Yves-Marie désirait, certains clients n’hésitent pas à contacter l’ancien boucher. Lequel, vous l’aurez compris, n’a plus la main depuis longtemps, ni sur la qualité de la viande, ni sur les prix. D’où ce billet posté sur le réseau social Instagram il y a quelques jours qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté : « Que les choses soient claires, je ne travaille pas pour les boucheries Le Bourdonnec à Paris, je ne valide aucun produit, aucun savoir-faire avec qui ce soit dans cette entreprise, je ne décide pas des prix de vente pratiqués par cette entreprise, j’ai juste vendu mes actions pour une somme à peine suffisante pour ouvrir mon échoppe de village à Bouhy. Je ne suis pas un homme d’affaires mais cela ne me dérange pas. »

Désormais, l’ex-boucher star est (re)devenu boucher de village. Bouhy, dans la Nièvre, 380 âmes, des vaches à tout bout de champ, une boucherie qui allait fermer ses portes définitivement et voilà Yves-Marie qui reprend l’affaire. Les Parisiens, résidents secondaires du week-end, viennent y faire leurs emplettes, tout comme les vignerons de la région. Les locaux pointent également le bout de leur nez pour profiter non seulement de la belle matière première, mais aussi du bar, du restaurant, de la guinguette et ses soirées thématiques. Désormais, pour manger du Yves-Marie Le Bourdonnec, il faut se rendre à la Boucherie de Bouhy. C’est dit, c’est écrit.

LES DERNIERS ARTICLES

La mauresque : un cocktail à la conquête du monde

Pastis, sirop d’orgeat, eau fraîche, voilà la composition aussi simple que percutante de la mauresque. Comment une boisson traditionnelle de bistrot, inventée selon la légende par les soldats dans les années 1830 en Algérie, est devenue une source d’inspiration pour des établissements branchés qui la retravaillent au gré de leur inspiration ? Explications.

Madame Cacao : l’échec aussi cuisant que silencieux de Christelle Brua

À peine deux ans d’existence, le soutien actif de Brigitte Macron, une communication tapageuse signée Melchior et un échec totalement placé sous silence médiatique : la marque Madame Cacao signée Christelle Brua a déjà mis la clé sous la porte. Après le ramdam de l’ouverture, voilà une liquidation dont la presse ne parle pas : voilà qui en dit long sur les rapports de pouvoir nauséabonds dans le petit monde de la bouffe.

Michelin : départs au sommet et ménage en cours

Que se passe-t-il vraiment à la direction du guide Michelin ? Selon nos informations, plusieurs départs (ou évictions) sont en cours et de nouvelles têtes arrivent pour faire le ménage à tous les étages. L’été s’annonce brûlant dans les bureaux parisiens du guide.

Thierry Marx et l’agroalimentaire : une relation naïve et fautive au pays de la gastronomie ?

Le très médiatique chef Thierry Marx vend depuis de longues années son image pour vanter des produits industriels de qualités diverses, de Lidl à Picard, en passant par les boulettes pour chiens et chats. Entre le cuisinier étoilé et président du principal syndicat de la restauration d’un côté, et sa posture d’homme-sandwich de l’autre, l’homme interpelle et interroge. Là où certains décèlent de la naïveté du petit gars de Ménilmontant, d’autres y voient les stigmates d’un homme d’affaires avide et sans scrupules.

François Perret quitte le Ritz Paris

Après dix années de bons et loyaux services, et deux boutiques ouvertes à Paris, le pâtissier François Perret quitte le palace parisien de la Place Vendôme.

50 Best Restaurants : pas anti-Français, plutôt pro-fric

Depuis sa création en 2002, le classement anglais World’s 50 Best Restaurants a la réputation d’être anti-Français. Une explication un peu trop facile et surtout fondamentalement fausse. La réalité se révèle beaucoup plus simple : le 50 Best n’est qu’un jeu où il faut mettre beaucoup d’argent pour attirer le votant. La France, elle, n’a pas envie de jouer sur ce terrain-là.

L’addition en trois fois sans frais : carte vitale ou mort à crédit ? 

En proposant de payer son repas en trois fois sans frais, à l’image d’un classique crédit à la consommation pour s’offrir une voiture ou un canapé, le chef Alain Llorca, à la tête du restaurant étoilé éponyme, bouscule totalement les us et coutumes du secteur. Piste salutaire pour contrecarrer une baisse du chiffre d’affaires ou voie de garage qui ressemble à une mort à crédit ?

Alain Llorca (Restaurant Alain Llorca, 06) : « Je maintiens la qualité mais j’augmente l’accessibilité grâce au paiement en plusieurs fois »

En proposant un règlement en trois fois sans frais du repas consommé dans son restaurant de Saint-Paul-de-Vence (06), le chef Alain Llorca bouscule le principe du règlement immédiat. Est-ce un choix bien raisonnable, n’existe-t-il pas un danger pour les clients de repartir avec un crédit sur le dos ; n’est-ce pas délicat en termes d’image pour le restaurant ? Alain Llorca répond à toutes ces questions bouillantes.

Sondage : 87% des votants contre l’idée du repas à crédit

En période de vaches maigres, il faut parfois imaginer des solutions nouvelles pour essayer de sortir la tête de l’eau. Un chef étoilé français va proposer à ses clients de payer leur repas en trois fois sans frais pour remplir sa table. Le repas à crédit ? Une mauvaise idée selon notre sondage.

Le 50 Best récompense Mostafa Seif, chef pro-Hamas qui ne reconnait pas l’existence d’Israël

Dans sa batterie de récompenses annuelles, le 50 Best Restaurants a récemment honoré Mostafa Seif, chef d’un restaurant situé en Egypte, du prix One to Watch. Or celui-ci a posté sur Instagram un message niant l’existence de l’Etat d’Israël quelques jours seulement après les attaques du 7 octobre 2023. Contactée par Bouillantes, l’attachée de presse du 50 Best Restaurants ne voit pas où est le problème.

Florent Ladeyn : « Ma nature n’est pas d’être spectateur de la bêtise sans tenter d’expliquer à un fou qu’il est fou »

Suite à l’annonce de la fermeture de Bisteack, restaurant situé à Béthune (62), le chef Florent Ladeyn a subi une vague d’attaques personnelles et professionnelles. L’homme, qui n’est pas du genre à « rester assis et tendre la joue gauche, s’est fendu d’un long message sur son compte Facebook. Un texte aussi clair que vigoureux, particulièrement salutaire en ces temps où chacun se rêve en justicier blanc derrière leur écran noir. Bouillantes a décidé, avec l’accord de son auteur, de publier l’intégralité du texte.

“Oui chef·fe !” : l’intégration par imitation

Le fameux « Oui chef.fe » a encore cours dans la plupart des cuisines des restaurants français. Une expression qui en dit long sur le métier, sur ses codes et qui dépasse de loin les seuls savoir-faire. Doit-elle désormais tourner court ?

Tanguy Laviale (Ressources, Bordeaux) : « Ce n’est pas l’ordre qui crée la performance, c’est l’adhésion »

Dans un milieu encore largement marqué par la hiérarchie militaire, les violences symboliques et la compétition effrénée, Tanguy Laviale fait figure d’exception. À la tête du restaurant bordelais Ressources, il a choisi une autre voie : celle de l’horizontalité, du respect, et du management « durable ». Entretien sans détour avec un chef qui refuse d’en être un.

Quand le restaurant se rêve en nouveau théâtre national populaire

L’avenir de la gastronomie française passe-t-il par sa démocratisation ? À l’image du théâtre populaire ou de la culture pour tous prônés par Jean Vilar et André Malraux au siècle dernier, le restaurant gastronomique se rêve lui aussi accessible à tous… pour survivre.