C’est marqué sur leur site Internet : Maison Brut a la prétention de se définir « restaurant gastronomique ». Qui n’essaie rien n’a rien. Sur le menu – seulement donné à la part masculine de la table, une première fort désagréable… -, l’équipe mentionne que « nous voyons nos clients comme une famille et souhaitons qu’ils s’y sentent comme chez eux… ». Inutile de s’appesantir sur le sens profond d’une telle phrase ; rentrons plutôt dans le vif du sujet, celui de l’expérience client. Celui qui pique vraiment.
Notre table, ridiculement étroite, ne permettait pas de pouvoir déposer correctement verres et assiettes. Ca démarrait fort. Pour le pain, il n’y avait donc qu’un seul support. Sur lequel les deux tranches de pain s’entassaient. Pas très pratique mais rien de grave. Plus embêtant, la chaise en rotin dont l’assisse était cassée à plusieurs endroits. Un défaut présent sur nos deux chaises (et sur d’autres !). Au bout d’un quart d’heure, sans être chochotte, notre séant commençait à se plaindre gentiment. Mais bon, après une petite tartelette d’inspiration bretonne plutôt correcte, on se dit que notre cerveau va se concentrer sur l’essentiel, l’assiette. D’une certaine façon, ce fut le cas, mais pas exactement comme on l’espérait. Au menu « Efflorescence » en huit services (95€), nous avons opté pour « Germination » (70€). Pour l’étape viandarde, le service nous propose soit le veau, soit le pigeon, qui doit être pris par tout le monde, avec supplément de 10€ par personne. Va pour le veau. Le repas démarre avec un « doubeurre », le nom prétentieux de la courge. Une première étape sans relief, débordant de gras, sans texture, si ce n’est ces morceaux d’échalote qui vous habille la bouche pour une durée indéterminée. L’enchainement avec des « lentilles vertes, oignon doux » se montre séduisant sur le papier mais, en bouche, on cherche le début d’une émotion, même petite, même demi-molle. Rien. Le dressage, fait à la va-vite, montre que le chef balbutie sa cuisine, envoie ses assiettes sans cette attention – ne parlons pas ici de talent – qui fait la différence. La suite du repas fut pire encore, avec un cabillaud riquiqui servi froid (très froid même) et une sauce simplement… mauvaise. Le maquereau qui prit la suite maintenait l’électrogramme culinaire plat, et ce n’est pas le veau, trop cuit, qui fit la différence. Le dessert, une poire, sumac et oseille était servi… sans oseille. Mais avec un jus de thym qui emportait tout sur son passage, même l’haleine échalotée qui trainait depuis le début du repas. Et un crumble épais et dur comme une brique à même de faire trembler le plus résistant des plombages.
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De ce repas catastrophique, nous en avons fait part, avec doigté – si si, promis – à l’obséquieux directeur de la restauration qui gérait le service, Dimitri Roussel. Derrière un ton hautain et une prétention sans nom, il a assuré qu’il remonterait nos remarques au chef. Lequel, pourtant présent parfois en salle, n’est pas venu s’enquérir une seule fois du pourquoi de nos commentaires polis mais clairs sur notre désespoir. Peut-être savait-il, lui qui a travaillé chez quelques toques connues – Thierry Marx, Mory Sacko, Jean Imbert… -, que sa partition culinaire ne valait pas tripette. Une cuisine grasse, redondante dans ses goûts, sans aucun peps d’acidité ou autre, avec des fautes de cuisson et de température, un service sans cadence et pédant d’un autre temps, qui ne se voit même plus dans le plus prout-prout des restaurants mondains ; bref, la totale. Et le vin ? Une belle bouteille du Domaine de Gringet (ex-Belluard) mis dans… une carafe à eau. La misère de bout en bout. Un échec brutal pour cette Maison qui joue aux précieuses ridicules. Sans le talent de Molière.
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Maison Brut, 18 rue d’Abbeville, Paris 9e arr. | 0983959601 | Site Internet
Photographies | Maison Brut, FPR