Il y a parfois dans la vie des hasards troublants. Le média Bouillantes publiait le 11 décembre dernier un article intitulé « Alice Tuyet, ses ‘croquettes cochonnes’ de Faubourg Daimant (Paris, 10e arr.) et le jeu des sept erreurs du respect des règles sanitaires » où nous analysions une vidéo postée sur les réseaux sociaux par la « directrice créative » du restaurant. Pour ce faire, un spécialiste de la qualité alimentaire était interrogé, lequel soulevait de nombreux problèmes. Bien évidemment, les réactions à cet article furent nombreuses et le clan pro-Tuyet ne pu s’empêcher d’hurler au complot. Une journaliste, Déborah Pham, co-fondatrice du magazine Mint, criait même qu’un tel article était inacceptable. Une réaction d’autant plus étonnante qu’elle avait déjà, à l’époque, connaissance de l’intoxication alimentaire chez Faubourg Daimant.
Une intoxication, et pas des moindres. Un client, qui souhaite conserver l’anonymat, a déjeuné avec une amie, début décembre, au restaurant situé dans le dixième arrondissement parisien. Au moment du dessert, la « brioche perdue, crème de maïs, pop corn, caramel » se révèle immangeable. « Dès la première bouchée, nous avons eu un goût horrible qui, heureusement, nous a forcés à cracher le morceau » raconte l’une des deux victimes. Les desserts sont rapportés en cuisine. Le couple, victime de douleurs intenses au niveau de la cavité buccale, tente un café pour passer à autre chose, mais, les douleurs étant trop intenses, opte pour un départ précipité à l’hôpital. Des excuses ? « Le personnel s’est à peine excusé alors qu’il voyait bien que nous étions mal en point. Quant à Alice Tuyet, qui n’était pas loin, elle n’a même pas levé la tête à un seul moment. » Contactée par Bouillantes, elle confirme sa présence le jour de l’incident. Quant à l’addition, elle fut également douloureuse : « Au regard de la situation, il nous aurait semblé normal que nous ne payions pas notre repas, on parle ici d’un repas de moins de 100€, pas d’un grand diner gastronomique. Eh bien non, ils ont fait une réduction sur l’addition, rien de plus. »
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Une fois les clients partis aux urgences, le restaurant, qui a du faire sa petite enquête, en conclut rapidement à la présence de détergent dans le dessert. Une photo est prise (ci-dessus) et envoyée par SMS pour permettre au corps médical d’identifier la nature et l’ampleur du danger. Le médecin constate des lésions sur la langue et les gencives, et conseille de porter plainte. Au regard de la gravité de la situation et du danger potentiel, le duo décide donc de ne pas en rester là. Conformément à la procédure, un signalement est réalisé sur le site SignalConso. Ce qui permet, avant saisine des autorités judiciaires, de créer un échange avec le restaurant visé. Lequel répondra via Christian Stori, cofondateur de Faubourg Daimant. « Nous accordons une importance primordiale à la qualité de nos produits ainsi qu’à la santé et la sécurité de nos clients. Après analyse, nous avons constaté que cet incident, lié à la préparation de votre brioche perdue, résultait d’un acte isolé causé par la défaillance technique de notre four. Une fuite, non détectée le matin de votre venue, a malheureusement entrainé la mise en contact accidentelle de produit de lavage avec la brioche qui vous a été servie ». Passons sur l’utilisation erronée du terme « acte » qui n’a pas lieu d’être concernant une « défaillance technique » d’un four, sauf à sous-entendre qu’il y a bien eu un « acte » humain à l’origine de l’intoxication… Du détergent qui coule pendant la cuisson, comment cela est-il possible ? Bouillantes a contacté un spécialiste des cuisines professionnelles qui doute de l’explication, « cela ne peut être qu’une erreur manifeste en cuisine » estime-t-il. Alice Tuyet confirme la thèse de la défaillance du four. Mais dès qu’il s’agit d’expliquer plus en détail le souci, la question reste sans réponse.
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Après les boulettes cochonnes réalisées dans des conditions d’hygiène douteuses, voilà les brioches au détergent qui vous détruisent la bouche. Heureusement, comme le précise Christian Stori dans sa réponse sur le site SignalCono, « nos dispositifs d’hygiène ont été renforcés et notre équipe a été sensibilisée de manière approfondie pour garantir qu’un tel incident ne puisse se reproduire. » Là encore, l’argumentation, certes nécessaire pour montrer que l’équipe n’est pas restée inactive face à cet « incident », semble totalement en contradiction avec une « défaillance technique » qui échappe par définition aux attentions humaines.
Ironie du sort qui pourrait relever de l’anecdotique mais qui montre que les soucis chez Faubourg Daimant sont profonds, voire systémiques. La victime revient sur un autre épisode de ce déjeuner mémorable : « Après avoir croqué dans la brioche, nous avons quand même commandé un café en vitesse. Nous y avons mis du sucre et le goût était horrible, à vomir. Là, nous pensions que nous avions les papilles complètement détruites. En fait, l’équipe avait mis un sachet de sel au lieu d’un sachet de sucre. » Quand rien ne va. Un Faubourg Daimant totalement… dément.
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