Shamona Viallet (propriétaire de Maison Ruggieri) : « Vous m’appelez pour écrire un article mais vous ne savez pas qui je suis »

Contactée par Bouillantes pour comprendre pourquoi six cuisiniers capés, venant notamment du restaurant Epicure (Paris, 8e arr.), ont quitté leur poste pour rejoindre un projet qui ne verra jamais le jour avec eux, la propriétaire de l’ex-Maison Ruggieri (et du restaurant Maison Dubois) a joué au chat et à la souris, refusant de répondre, bottant en touche, convoquant ses avocats à de multiples reprises, oubliant même sa promesse d’investir dans un projet qu’elle voulait « trois étoiles ». Entretien aux limites de l’absurde mais riche de sens.

Bouillantes | En septembre dernier, Maison Ruggieri, restaurant dont vous êtes la propriétaire, fermait ses portes. Cinq mois plus tard, le restaurant est toujours fermé. Selon nos informations, Shintaro Awa, ex-chef du restaurant Epicure (Paris, 8e arr.) devait tenir les cuisines avec cinq autres cuisiniers, venant entre autres du Bristol. Le projet semble être tombé à l’eau avec lui. Pourquoi ? 

Shamona Viallet | J’ai plusieurs entreprises vous savez. Il y a plusieurs personnes qui y travaillent. Il y a des gens qui arrivent, qui partent, c’est la vie de l’entreprise. 

Mais il semblerait que cette première équipe, construite autour de Shintaro Awa, a été totalement évincée du projet. Selon nos informations, votre mari, Franck Viallet, a appelé le chef et lui a appris que tout était arrêté. Confirmez-vous cela ? 

Non je ne confirme pas. Le 13 janvier, c’était quel jour, je ne sais pas… Non il ne s’est rien passé de spécial chez nous. Je ne sais pas qui a appelé qui… Oui, il y a des personnes qui ont démissionné du Bristol et qui occupent des postes importants chez nous aujourd’hui. C’est tout. 

Nous vous posons la question autrement : est-ce que le chef Shintaro Awa, qui a signé une promesse d’embauche le 26 septembre 2024, signée par vous, est toujours dans le futur projet qui remplacera Maison Ruggieri ? 

Pourquoi me parlez-vous de la Maison Ruggieri ? La Maison Ruggieri, c’est Martino Ruggieri. Vous parlez à la mauvaise personne-là. Mais si vous écrivez des fausses informations, le dossier sera mis dans les mains de vos avocats. 

Nous vous contactons justement pour avoir votre version des faits et disposer de tous les points de vue. Autre question : avez-vous évoqué avec Shintaro Awa votre volonté d’aller gagner trois étoiles dans ce restaurant ?

Pas du tout. Personne n’a un projet trois étoiles. Ce serait très prétentieux de dire cela. Il n’y a que le Michelin qui décide des étoiles. 

Pourtant, vous avez clairement écrit, par mail, par SMS et dans la promesse d’embauche du chef Shintaro Awa (signée de votre main), dont Bouillantes a obtenu une copie, que votre volonté était de mettre tous les moyens en oeuvre pour aller gagner une troisième étoile. C’est ce souhait de monter un projet ambitieux qui ont motivé Shintaro Awa et cinq autres cuisiniers à rejoindre votre restaurant, avant que le chef ne soit prévenu de l’abandon dudit projet, sans explication et sans ménagement… 

Mais un mail à qui… Mais pourquoi vous vous intéressez tant à notre restaurant ? Vous avez contacté plusieurs personnes de mes entreprises pour avoir des informations. Pourquoi ? Vous connaissez les conséquences financières d’un projet de restauration ? 

Nous cherchons à comprendre simplement le pourquoi de l’abandon de ce projet avec Shintaro Awa et les cuisiniers qui l’ont suivi dans ce qui devait être l’ouverture d’une nouvelle table très ambitieuse. Vos engagements sur ce projet étaient clairs et précis. Dans un SMS envoyé à Shintaro Awa, vous écrivez : « Je vous promets aussi de nous faire évoluer ensemble pour obtenir les trois étoiles et de développer dans un endroit adapté à votre nom propre ». Parmi les personnes interrogées par Bouillantes, personne ne comprend le pourquoi de ce recul soudain. 

Mais de quel projet parlez-vous ? Aucun projet n’a été arrêté. Tous les projets sont en cours et vous les verrez plus tard. 

À vous écouter, il semblerait que jamais vous n’avez été en contact avec Shintaro Awa pour un projet de haute gastronomie dans l’ex-Maison Ruggieri. Pouvez-vous au moins nous confirmer que vous avez été en contact avec lui ? 

Je ne confirme rien, je ne conteste rien. Je suis en contact avec beaucoup de personnes… Je ne suis pas obligée de répondre à vos questions. Si vous voulez parler du Bristol, contactez mon grand ami Patrice Jeanne au Bristol. Vous m’appelez pour écrire un article mais vous ne savez pas qui je suis. Ni ce que je fais.

Selon nos informations, l’ex-maison Ruggieri, qui affichait deux étoiles au guide Michelin, évoluerait finalement non pas vers un projet de haute gastronomie, mais vers une offre de type « bistrot ». Est-ce juste ? 

Pas du tout. Nous allons garder un concept identique avec cinq tables et un nouveau chef en qui nous croyons beaucoup. Aucun projet n’a été abandonné pour des raisons financières, je conteste tout cela. Et si vous écrivez le contraire, mes avocats seront là. 

_

Sur le même sujetMaison Ruggieri (Paris, 8e arr.) : la nouvelle équipe évincée sans ménagement et un ‘deux étoiles’ qui fout le camp

Photographie | DR

EN VIDÉO

Des dizaines de témoignages soulèvent les relations troubles entre le Gault et Millau et l’agence Com En Régions

LA PLATEFORME BOUILLANTES SUR INSTAGRAM

DOSSIER : GAULT ET MILLAU, UN GUIDE À CÔTÉ DE LA PLAQUE

« Payer pour l’édition locale, ça peut aider pour être référencé au national » : propos d’une commerciale mandatée par le Gault et Millau

Une sélection par l’argent ? Interrogée par Bouillantes, une commerciale de l’agence Com En Régions, mandatée par le Gault et Millau, a reconnu à demi-mot que payer pour figurer dans une édition locale du guide facilitait le contact et l’accession à la sélection nationale. Des propos relativisés mais confirmés par le directeur général de l’agence.

Gault et Millau ou les errements d’un guide qui désespère la profession

Un simple sondage lancé sur Instagram par Bouillantes a montré toute la défiance d’une profession vis-à-vis du Gault et Millau. Des dizaines de messages ont souligné les errements d’un guide incapable de corriger ses erreurs pourtant anciennes et grossières, du restaurant référencé mais pas visité jusqu’aux pratiques douteuses de l’agence Com En Régions qui fait payer les chefs.

ABONNEMENT

Abonnez-vous au seul média indépendant et quotidien de la food

Tous les matins, recevez La Bouillantes de 8h30 dans votre boite mail.



Abonnez-vous en suivant ce lien

LES COURTS BOUILLANTES

18/11 | Fooding 2026 : et les gagnants sont…

Le guide Fooding s’est fendu, lundi 17 novembre, de son nouveau palmarès des meilleures adresses du pays avec des catégories toujours aussi surprenantes. La « meilleure table » se nomme La Maison de la Pia (Tende, 06) et la « meilleure taulière » a pour patronyme Megan Moore (chez Bonnies, à Marseille, 13). Un Fooding d’honneur a été remis au duo de Mokonuts (Paris), Moko Hirayma et Omar Koreitem. Le reste du palmarès est à découvrir sur le site et l’application du Fooding.

18/11 | Gault et Millau France 2026 : et les gagnants sont…

Le Gault et Millau France a rendu son verdict lundi 17 novembre à Paris : César Troisgros a été sacré Cuisinier de l’année, Anne Coruble (L’Oiseau Blanc, Peninsula Paris) a reçu le titre de pâtissière de l’année, Marion Cirino (L’Ambroisie, Paris) celui de meilleure sommelière et Fanny Perrot (Alléno Paris) de meilleure directrice de salle. Loïs Bée (chez Christophe Hay) a été sacré « grand de demain » tandis que Romain Zaragaza reçoit le trophée de « jeune talent en salle ». 

17/11 | Lancement de la marque « Au Bon Lait de Megève » 

Le chef Julien Gatillon, à la tête de plusieurs restaurants avec sa femme Sonia Torland à Megève (Nous, Vous et Anata), ainsi que le couple Marine et Nicolas Sibuet, ont lancé la marque « Au Bon Lait de Megève ». Elle proposera différents produits issus du lait du village : liqueur de lait, eau de vie, confiture, etc. Lancement de la marque mi-décembre. 

16/11 | Le restaurant Paul Bocuse (Collonges-au-Mont-d’Or, 69) intègre l’association Relais et Châteaux

Le restaurant Paul Bocuse devient Relais et Châteaux pour la première fois de son histoire centenaire. Créée en 1954, l’association est aujourd’hui présente dans 65 pays et recense quelque 580 hôtels et restaurants indépendants. 

16/11 | Nicolas Conraux et La Table de la Butte récompensés par le guide We’re Smart Green

Mardi 11 novembre, le guide We’re Smart Green, qui distingue les restaurants engagés en faveur d’une alimentation végétale à faible impact écologique, vient de récompenser La Table de la Butte (Plouider, 29) d’un cinquième radis, sa distinction la plus élevée. Elle rejoint ainsi le cercle fermé de tables prestigieuses comme le Mirazur, Bras ou l’Arpège. 

16/11 | Le Château de Beaulieu (Busnes, 62) du couple Delphine et Christophe Dufossé placé en redressement judiciaire

En grandes difficultés économiques depuis plusieurs mois, faisant face à une fréquentation très faible et des investissements aléatoires, le Château de Beaulieu (renommé il y a peu « Domaine de Beaulieu ») a été placé le 5 novembre en redressement judiciaire. Selon nos informations, les dettes pourraient avoisiner les cinq millions d’euros. 

LES DERNIERS ARTICLES

Haute gastronomie et menus à petits prix : les grands restaurants perdent-ils la raison ?

Pour répondre à une baisse de fréquentation, de nombreux établissements étoilés baissent leurs tarifs pour proposer des menus « abordables ». Un deux étoiles à moins de 60€, un trois étoiles à moins de 120€, c’est désormais possible. Mais la haute gastronomie ne joue-t-elle pas à un jeu dangereux qui pourrait la mener à perdre sa pertinence et son ADN ?

Un reportage, une table deux étoiles, six erreurs : quand un restaurant parisien montre son pire visage

À l’occasion d’un reportage dans un restaurant doublement étoilé à Paris, il nous a été donnés l’occasion de découvrir de l’intérieur le pire (ou presque) de ce qu’un restaurant peut montrer. Nous ne publierons pas le reportage initialement prévu car il nous semble impossible de valoriser cet établissement. Mais nous ne pouvons pas non plus taire ce que nous avons vus.

Taxe spéciale pour la restauration rapide franchisée en France

Dans le cadre du budget 2026, les députés écologistes ont déposé fin octobre un amendement qui donne des sueurs froides aux franchisés dans le secteur de la restauration rapide, avec de nouvelles taxes, dont une qui pourrait monter jusqu’à 200 000€.

« Payer pour l’édition locale, ça peut aider pour être référencé au national » : propos d’une commerciale mandatée par le Gault et Millau

Une sélection par l’argent ? Interrogée par Bouillantes, une commerciale de l’agence Com En Régions, mandatée par le Gault et Millau, a reconnu à demi-mot que payer pour figurer dans une édition locale du guide facilitait le contact et l’accession à la sélection nationale. Des propos relativisés mais confirmés par le directeur général de l’agence.

Gault et Millau ou les errements d’un guide qui désespère la profession

Un simple sondage lancé sur Instagram par Bouillantes a montré toute la défiance d’une profession vis-à-vis du Gault et Millau. Des dizaines de messages ont souligné les errements d’un guide incapable de corriger ses erreurs pourtant anciennes et grossières, du restaurant référencé mais pas visité jusqu’aux pratiques douteuses de l’agence Com En Régions qui fait payer les chefs.

Le saumon norvégien au coeur d’un scandale sanitaire 

Une série documentaire diffusée sur la chaine publique norvégienne révèle le scandale des exportations de saumons norvégiens qui échappent aux contrôles. Blessés ou malades, certain sont même jugés impropres à la consommation.

« Le montant de la fraude peut atteindre 25 à 30% du chiffre d’affaires » : témoignage d’un ancien contrôleur fiscal 

Pendant plus de 15 ans, Nicolas R.*, a travaillé à la Direction générale des finances publiques. Cet ancien contrôleur des impôts a inspecté des centaines de restaurants à Paris. La fraude, il connait. Pour Bouillantes, il livre un témoignage sans ambiguïté sur la nature et l’ampleur de la fraude mais aussi sur les difficultés multiples rencontrées sur le terrain.

Fin de l’aventure pour Sébastien Tantot au Maybourne Riviera

Arrivé en avril 2025, le chef Sébastien Tantot n’est déjà plus le chef exécutif du magnifique hôtel de Roquebrune-Cap-Martin (06), le Maybourne Riviera. L’ex-chef de l’Auberge À la Bonne Idée (Oise) nourrit déjà d’autres projets.

Nouveau changement de chef à la Mère Germaine (Châteauneuf-du-Pape) ?

Le restaurant La Mère Germaine, propriété d’Isabelle et Arnaud Strasser, aurait encore changé de chef. Une instabilité plus qu’inquiétante mais qui n’empêche pas le Bibendum de renouveler l’étoile sans tousser. Bouillantes vous révèle celui qui semble avoir pris la relève, à ses risques et périls.

Aurélien Largeau (Biarritz, 64) : « Tout notre plan de carrière s’est dessiné autour de cette idée d’ouvrir notre restaurant »

Dans un Biarritz en pleine ébullition culinaire, La Table d’Aurélien Largeau tient le haut de la vague depuis son ouverture le 22 octobre 2024. Le couple Aurélien Largeau (33 ans) et Mathilde Fesneau (28 ans) s’exprime à bâtons rompus sur leur vie d’entrepreneur, l’identité culinaire, l’expérience douloureuse de l’Hôtel du Palais et le choix de rester à Biarritz. Grand entretien à deux voix.

Octobre : les 10 informations Bouillantes (et plus) à retenir

De Cibo à Imbert, de l’Arabie saoudite à la Belgique, en passant par La Mirande, les cuisines régionales, les clés Michelin et le Gault et Millau, l’actualité du mois d’octobre a été riche. Voilà l’essentiel à retenir, et plus encore.

LES TRIBULATIONS DE FPR X BOUILLANTES

DE SALLE À TOI X BOUILLANTES

Maxence Astier (Restaurant Lore Ttipia – Auberge Ostapé, 64) : “ Mon pire souvenir ? Une courgette farcie qui termine par terre devant deux professionnels de la restauration”

LA PLATEFORME BOUILLANTES