Face aux rétrogradations d’étoile(s), il y a deux façons de réagir chez les chefs. Il y a ceux qui prennent acte, qui n’accusent personne et qui, fidèles à leur passion, sont prêts à repartir au combat. Et il y a ceux qui ne peuvent s’empêcher de crier à l’injustice, au complot, à la vendetta. La famille Meilleur incarne à la perfection les premiers, Marc Veyrat incarnait à lui tout seul les seconds. Il se voit désormais rejoint par Georges Blanc qui ne digère pas sa rétrogradation annoncée il y a quelques jours par le guide Michelin.
Dans un message posté sur le réseau social Facebook, celui qui affichait trois étoiles depuis 1981 estime, qu’au regard des centaines de messages de soutien reçus, « le guide Michelin a choisi de rétrograder une maison emblématique dans une démarche solitaire, destinée à faire le ‘buzz’ à quelques jours de sa cérémonie annuelle ». Le chef en remet une couche en jugeant que « (son) long parcours sous les étoiles, (sa) réussite entrepreneuriale, (son) ancrage dans une tradition revisitée peuvent susciter parfois une jalousie teintée de malveillance. »
Du buzz, de la malveillance, de la jalousie même de la part d’un Bibendum qui a en réalité simplement fait son boulot. Il donne, il retire, telle est la règle. Chacun peut critiquer le libre arbitre du guide, mais s’il y un un chef dont le blâme est ici fort malvenu, c’est bien Georges Blanc. Depuis de très longues années, son nom est évoqué régulièrement quand il s’agit de faire du ménage dans les rangs triplement étoilés. À plusieurs reprises, le couperet n’est pas passé loin, sauvé par on ne sait quels miracles. Certains évoquent ses réseaux, et il y a fort à penser qu’ils n’ont pas tort. Selon nos informations, tout comme le restaurant Paul Bocuse avant sa propre rétrogradation, la maison de Vonnas n’était plus notée trois étoiles depuis très longtemps. Un secret de polichinelle que refuse de reconnaitre le chef, aveuglé et encouragé par ces « centaines de messages » de soutiens.
Plutôt que de baver maladroitement sur un guide qui a fait sa grandeur, sa renommée, et sa douce fortune, Georges Blanc aurait du se restreindre aux premières lignes de son message où il parle de « résilience » et des « rencontres (…) qui permettent de mesurer combien (sa) cuisine est aimée. » Avec ses 44 ans de trois étoiles, le Vonnassien n’a certainement pas à se plaindre. Il aurait pu, à 82 ans, se fendre d’un simple « merci » et tirer sa révérence en « grand » chef qu’il a été. Mais là, il se mue en petit joueur, incapable d’accepter une sanction qui lui pendait au bout du nez depuis fort longtemps. L’intouchable d’hier est devenu le mauvais perdant d’aujourd’hui.
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