Schorre (Saint-Valery-sur-Somme, 80) : repas bouche baie

Dans une Baie de Somme qui ne brille pas par la grande qualité de ses restaurants, Schorre revendique être une « table de racines et de curiosité ». Ouverte depuis quelques mois, elle connait un vrai succès grâce au travail de son chef François-Xavier Sailly. Est-ce justifié ? Bouillant(e)s y a trainé ses guêtres.

Depuis quelques années, les restaurants sont friands de punchline. Il faut, en quelques mots forts, poser un engagement, une vérité, une identité. La communication moderne est ainsi faite et, inévitablement, il y a à boire et à manger. Dans la jolie Baie de Somme, du côté de Saint-Valery-sur-Somme, le restaurant Schorre a opté pour « Table de racines et de curiosité ». Un mot qui plonge, un autre qui fait lever le regard et interpelle. En bas de l’imposant entrepôt à sel, entièrement rénové et modernisé, Schorre démarre donc une énigme et un élan de… curiosité. 

Le restaurant Schorre se situe au second étage d’un bâtiment entièrement réaménagé

Deuxième étage, espace tout en longueur, contemporain à souhait, murs clairs et plafond industriel, matériaux bruts et tables modernes bien espacées. Puis, dans le prolongement, une terrasse qui fait envie, ouverte sur toute la baie. Deux menus en sept (80€) ou quatre services (50€) avec à chaque fois un accord liquide sur mesure. Le chef, François-Xavier Sailly, trentenaire, change ses plats régulièrement, au fil des saisons. Dans l’assiette, il y a exactement ce que l’on aime dans la cuisine d’aujourd’hui quand elle est maitrisée : un esprit bistronomique – pour sa générosité, sa gourmandise, ses douces caresses – et une technique gastronomique précise, mais jamais démonstrative. Son travail sur le fromage constitue un exemple d’intelligence, autour du brie. Il travaille ainsi trois affinages différents, l’un en brut, un autre en sauce et un troisième dans une brioche qui vous chahute comme il faut. Un petit régal fromager qui rappelle que trop de restaurants, et même parmi les plus grands, font souvent une grosse impasse créative à cette étape du repas. Les desserts « de cuisiniers » concluent agréablement le repas. 

Produits parfaitement sourcés, maîtrise des goûts comme des quantités, carte des vins habile, avec quelques coups de coeur bien sentis (les vins du génial Maxime Dancoine par exemple), pain fait maison et service d’une impeccable gentillesse : Schorre s’impose avec évidence comme une très belle table dans une région bien pauvre en la matière. À découvrir avec… envie et curiosité. 

_____

Schorre | 2 quai Lejoille, Saint-Valery-sur-Somme (80) | 09 77 75 42 03 | www.schorre.fr | Ouvert du mercredi au samedi midi et soir, ouvert le dimanche au déjeuner | Menu en sept services (80€) ou en quatre services (50€) ; accords mets et vins proposés (six verres à 40€ pour le huit services, trois verres à 20€ pour le quatre services)

LES DERNIERS ARTICLES

Le 50 Best récompense Mostafa Seif, chef pro-Hamas qui ne reconnait pas l’existence d’Israël

Dans sa batterie de récompenses annuelles, le 50 Best Restaurants a récemment honoré Mostafa Seif, chef d’un restaurant situé en Egypte, du prix One to Watch. Or celui-ci a posté sur Instagram un message niant l’existence de l’Etat d’Israël quelques jours seulement après les attaques du 7 octobre 2023. Contactée par Bouillantes, l’attachée de presse du 50 Best Restaurants ne voit pas où est le problème.

“Oui chef·fe !” : l’intégration par imitation

Le fameux « Oui chef.fe » a encore cours dans la plupart des cuisines des restaurants français. Une expression qui en dit long sur le métier, sur ses codes et qui dépasse de loin les seuls savoir-faire. Doit-elle désormais tourner court ?

Tanguy Laviale (Ressources, Bordeaux) : « Ce n’est pas l’ordre qui crée la performance, c’est l’adhésion »

Dans un milieu encore largement marqué par la hiérarchie militaire, les violences symboliques et la compétition effrénée, Tanguy Laviale fait figure d’exception. À la tête du restaurant bordelais Ressources, il a choisi une autre voie : celle de l’horizontalité, du respect, et du management « durable ». Entretien sans détour avec un chef qui refuse d’en être un.

Quand le restaurant se rêve en nouveau théâtre national populaire

L’avenir de la gastronomie française passe-t-il par sa démocratisation ? À l’image du théâtre populaire ou de la culture pour tous prônés par Jean Vilar et André Malraux au siècle dernier, le restaurant gastronomique se rêve lui aussi accessible à tous… pour survivre.

Les « menus vidéos » : le restaurant à l’heure de la food porn agueusique

Si tu ne sais pas quels plats choisir, mate-toi les vidéos, ça t’aidera à te décider. Mieux que les intitulés des plats, la société Sunday propose un nouveau service : présenter aux clients des petits films sur leur téléphone pour montrer les assiettes et « déclencher l’envie ». Après les réseaux sociaux et la porn food, le restaurant rentre à son tour dans la pornographie. Le danger est énorme. Décryptage.

« Cuisines ouvertes de la gastronomie française » : une initiative pour plus de transparence en restauration très discutable

Jamais l’actualité n’a été aussi riche du côté de la transparence dans les cuisines des restaurants français. Des affaires qui sortent, la publication d’un livre sur les violences, des initiatives en tout genre pour favoriser le dialogue et former les équipes : le côté sombre de la restauration prend la lumière, grâce à des événements comme « Cuisines ouvertes de la gastronomie française ». Sauf que, désormais, certains se rachètent une virginité à peu de frais.

Liste des métiers en tension : une patate chaude qui ne fait pas consensus

Le Journal officiel a publié jeudi 22 mai la liste « des métiers en tension ». Celle-ci diffère d’une région à une autre en fonction de différents critères. Le secteur de la restauration crie son incompréhension, et il n’est pas le seul. Les syndicats hésitent entre le verre à moitié plein et vide, et le restaurateur Stéphane Manigold apporte un point de vue… disruptif.

Les écoles de cuisine de Thierry Marx à bout de souffle

Le réseau des écoles Cuisine mode d’emploi(s), fondé par Thierry Marx, pourrait définitivement péricliter dans les prochaines semaines. Sur les neuf établissements, cinq ont déjà fermé leurs portes. Les autres pourraient suivre le même chemin dans les prochains mois.