La SNCF mène-t-elle grand train avec son nouveau bistro ?

La SNCF a lancé début mars une nouvelle offre de restauration à bord de ses TGV. Dans une sorte de retour sur son histoire et de tentative de coller à la mode des bistrots, des plats chauds tels que les crozets reblochon et la saucisse purée sont désormais disponibles. Mais est-ce bon ? Pour Bouillantes, la journaliste Sarah Rozenbaum a goûté.

L’année dernière, j’ai parcouru 25 272 kilomètres en train. Chaque année, la SNCF me voit tellement passer que j’ai acquis le statut Grand Voyageur le club. Autant vous dire que je connais les temps d’arrêt dans certaines gares par coeur. En revanche, la voiture-bar me demeure peu familière. Même si la qualité des casse-croûtes comme des gâteaux secs s’est sensiblement améliorée ces dernières années, l’offre en place ne me plaisait guère. Et c’est avec une nostalgie certaine que j’avais apprécié l’été dernier l’exposition « Wagon bar, une petite histoire du repas ferroviaire » à Arles. Homards, huitres et grands crus se dégustaient à une autre vitesse que celle d’aujourd’hui. 

Alors à la réception d’un mail le 6 mars annonçant en fanfare que le bar TGV devenait le « bistro TGV », une envie soudaine de saucisse-purée doublée d’un fondant au chocolat s’est fait jour. Et tant pis si le combo, accompagné d’une boisson se négocie à 15,90€. L’espoir fait vivre. Gaillardement, me voilà en route pour ce fameux « bistro » après avoir commandé en ligne. À l’arrivée, une petite ardoise annonce le plat du jour, bien dans le thème pour l’ambiance bistrot. La « barista » Hannah est amène et s’empresse de mettre mon plat au micro-ondes. Une coupure de courant vient malheureusement jouer les trouble-fêtes. Après quelques minutes supplémentaires, je récupère enfin mon plat, me brûle en enlevant l’opercule en plastique et flaire une odeur d’herbes aromatiques. De bon aloi ? 

J’attaque enfin. Mais nouveau problème, les couverts jetables n’ont a priori pas été prévus pour quelque chose de résistant puisque le couteau se casse en deux au premier usage. Tant pis pour les bonnes manières, le choix est fait de croquer directement la viande avec les doigts. La texture est bien plus acceptable que certains spécimens goûtés dans des restaurants mais les morceaux de gras sont tout de même très présents et le boyau qui entoure peut se révéler caoutchouteux. La purée, elle, très bien servie par rapport à la saucisse, est extrêmement salée. Je ne finis d’ailleurs pas l’assiette tant le sel se montre agressif en bouche. Le fondant, très coulant, est réchauffé sur demande pour être dégusté tiède. Le constat : très sucré mais pas mauvais. Un conseil amical : pensez à prendre de l’eau en accompagnement car vous aurez besoin d’un bon litre et demi pour étancher votre soif une fois les excès salé et sucré ingérés.  

Pour 16 euros, « l’expérience » du bistro SNCF n’est pas donnée mais elle peut pallier a minima l’absence d’un petit repas concocté à la maison avant le voyage. En somme, la SNCF n’a rien perdu en se passant de la signature d’un « grand » chef, mais n’a pas gagné grand-chose non plus en termes de qualité. C’est un petit peu mieux quand même, mais pouvait-on vraiment faire pire qu’avant ? 

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Photographies | Sarah Rozenbaum

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Portrait d’un chef résilient, qui a tout connu, de l’étoile Michelin à… quatre AVC, une vie abîmée mais une envie folle d’avancer et de montrer que le handicap, ce n’est pas la fin des haricots

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