Cérémonie Michelin : ballon rond, étoiles et… carton rouge ?

Dans le cadre de la cérémonie du guide Michelin, un match de foot va être organisé dans le stade de la ville de Metz entre des anciens pros et des chefs étoilés. Le Michelin vire Intervilles, avec Nelson Monfort aux commentaires. Est-ce bien raisonnable ?

L’année prochaine, Bouillantes vous l’annonce en exclusivité, ce sera tir à la carabine, course de sac, karaoké et auto-tamponneuses. À manger, on oublie la choucroute (déjà fait !), ce sera hot-dog-frites sauce samouraï, barbe à papa et, à boire, de la Kro’ et de la 16’. Clou du spectacle : le Bibendum se dandinera le bourrelet sur un pole dance dans une ambiance rouge lupanar. Ainsi se déroulera la cérémonie du guide Michelin France 2026, que ce soit à Nice, à Lyon, ou ailleurs. On prend les paris ? 

Rigolez donc devant ces élucubrations qui feraient se retourner dans leur tombe les Bocuse, Troisgros et autre Robuchon. Mais on est en droit de se demander si le Michelin n’est pas en train de prendre un virage préjudiciable dans le déroulé de sa cérémonie. Avant-hier, il se contentait de publier son guide que l’on achetait au kiosque à journaux ; hier, il organisait une cérémonie qui durait le temps d’annoncer les promus et de siroter une coupette ; aujourd’hui, c’est la Croisière s’amuse en région pendant deux-trois jours. Ainsi, un communiqué de presse signé Michelin et Destination Moselle, en date du 19 mars, annonçait un événement hors du commun à l’occasion de l’accueil de la cérémonie : « Un match inédit au stade Saint-Symphorien : rencontre entre gastronomie et football ». Vrai ? Vrai de vrai. 

Sortez les banderoles, faites hurler la vuvuzela mais gardez les chants racistes et homophobes dans vos besaces, c’est la fête à Saint-Symphorien ! Sur la pelouse, y a du lourd : Meyrieu, Proment, Signorino, Humbert, M’Boup, Borbiconi et, tenez-vous bien, Boffin alias « la mobylette » ; des « joueurs emblématiques » parait-il, des « anciens du FC Metz » qui ont du faire rêver toute la Moselle du ballon rond au siècle dernier…  En face d’eux, y a du lourd, y a de l’étoile : Glenn Viel, Arnaud Donckele, Nicolas Beaumann, Loïc Villemin, Fabien Mengus, une sorte de Variété Club de la fourchette. Aux commentaires ? Nelson Monfort bien sûr qui fera.. du Nelson Monfort façon Intervilles. Ca va hurler, ça va se déchainer, ça va siffler, forcément. Et les femmes dans tout ça ? Qu’elles se taisent ici puisqu’elles ont déjà eu leur dix minutes de gloire à la Andy Warhol grâce au podcast « Oui, cheffes ! ». Le communiqué de presse annonçant l’événement se conclut de la sorte : « L’événement promet d’être une véritable célébration du talent, du travail et du plaisir partagé, reflet parfait des valeurs communes entre le football et la gastronomie. » C’est tellement bien dit… La larme au coin de l’oeil n’est pas loin. Dites-moi monsieur Bibendum, y aura-t-il une écharpe spéciale créée pour l’occasion, des petits goodies en souvenir à offrir à mes enfants ?  

Hier conservateur et fier de l’être, aujourd’hui noceur et gentil organisateur façon Club Med, le guide Michelin se rêve en metteur en scène d’un scénario oxymorique : une gastronomie à la fois haute et populaire. « Le meilleur pour tous » pourrait être son nouveau slogan, marxisant sur les bords (rien à voir avec notre Titi national, pas Henry mais Marx qui, d’ailleurs, sera présent sur la pelouse à la mi-temps du match) à scander sur les plateaux de l’émission Top Chef. Mais qui trop embrasse mal étreint. À vouloir jouer sur tous les terrains, le Bibendum devient de plus en plus illisible, perdant en pédagogie avec les chefs ce qu’il gagne en communication attrape-tout pour se refaire une virginité populaire. À la limite du carton rouge.  

_

Photographie | Philip Oroni

LES COURTS BOUILLANTES

LES DERNIERS ARTICLES

Cités de la Gastronomie : Dijon coule… comme les autres

Sur le papier, les projets étaient grandioses. Sur le terrain, l’échec est total. Alors que le projet Paris-Rungis est repoussé aux calendes grecques, la Cité de Lyon est au point mort tandis que celle de Dijon connait redressements et liquidations judiciaires.

Après les révélations de violences conjugales, quel avenir professionnel pour le chef Jean Imbert ?

Une enquête du magazine Elle a mis en évidence les violences conjugales de Jean Imbert, chef du Plaza Athénée et signataire de nombreuses cartes en France et à l’étranger. Les faits révélés, s’ils relèvent de la sphère privée, ne sont pas sans conséquences pour les établissements et les marques qui ont misé sur la puissance médiatique de l’ex-Top Chef. Risque économique, mauvaise image, bad buzz, comment les employeurs peuvent réagir à une telle situation, du silence radio à la rupture de contrat.

Jean Imbert et le « syndrome de Stockholm » vécu par ses collaborateurs

Après les révélations sur le fonctionnement violent de Jean Imbert avec ses compagnes, faut-il en conclure que le chef se comporte avec ses collaborateurs comme l’homme dans la sphère privée ? Bouillantes a recueilli plusieurs témoignages qui ne laissent guère de doute sur la personnalité d’un homme manipulateur dont l’emprise semble incontestable, jusqu’à provoquer un surprenant syndrome de Stockholm.

Jean, Hubert, Ivan et les autres : le #metoo de la restauration a peut-être commencé

Après les premières révélations publiées dès 2014, le sujet des violences en cuisine constitue un sujet plus ou moins régulier dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il est revenu en force ces derniers jours avec des témoignages qui accusent directement et précisément certains acteurs de la restauration pour des faits répréhensibles commis en dehors de la chaleur des fourneaux. Après Jean Imbert il y a à peine quelques jours, une « figure montante de la scène food parisienne » vient d’être accusée d’avoir drogué au GHB une femme au sein même de son établissement. Laquelle ne serait manifestement pas un cas isolé. Quand les casseroles sortent à une telle cadence, il faut se demander si le #metoo des cuisines ne vient pas réellement de démarrer.

Le vin « nature » : expression du terroir ou dogme du laisser-faire ?

Défendu comme une expression pure du terroir, critiqué pour ses excès, le vin nature bouscule les codes du monde viticole. Ce « vin philosophique » selon l’expression du sommelier Xavier Thuizat interpelle tout un secteur, interroge un savoir-faire ancestral et repose la question de l’équilibre entre la maitrise et l’aléa, l’expression directe d’un terroir et la technique qui oriente. Derrière les idées reçues, entre idéal et réalité, est-ce finalement le nature qui dénature ?

L’Assiette Champenoise (Tinqueux, 51) : l’émotion renouvelée

Dans le cercle restreint des tables triplement étoilées françaises, l’Assiette Champenoise est régulièrement citée comme l’une des plus excitantes. Dans cette belle ville de Reims toujours plus étoilée, que vaut vraiment cette table dirigée par Arnaud Lallement, lequel peut compter depuis une année sur l’arrivée de son fils, Brice ? Retour d’expérience.

Drouant, son chef et ses belles bécasses postées sur Instagram

Romain Van Thienen, chef du restaurant Drouant (Paris, 2e arr.) a posté il y a quelques jours une vidéo et des photos de… bécasses accrochées dans les cuisines de son établissement. Se rendant compte de sa grosse bourde, il a rapidement supprimé tout le contenu. Mais le mal était fait.

Violences conjugales : Jean Imbert dans la tourmente

Porte défoncée, coup de boule… Selon nos informations, un article publié par le magazine Elle dans les prochaines heures relate différents faits graves de violences conjugales commis par le chef Jean Imbert. Lequel n’en serait malheureusement pas à son coup d’essai.

Le faux « ambassadeur » Guillaume Gomez va enfin assumer son rôle de vrai « consultant » au service de l’industrie agroalimentaire

Mais qui est vraiment Guillaume Gomez, un honnête défenseur des « petits » ou un opportuniste qui fait affaire avec les « gros » ? Celui qui s’est autoproclamé « ambassadeur de France de la Gastronomie » devrait dévoiler son jeu d’ici peu et annoncer officiellement le lancement de son agence de conseil au service de l’industrie agroalimentaire. La casquette change mais le boulot reste le même.

Partenariats à gogo : le Michelin s’est pris une veste par Hugo Roellinger

Lors de la cérémonie du guide Michelin, contrairement à tous ses confrères et consoeurs, le chef Hugo Roellinger n’a pas enfilé sa veste blanche offerte par le Bibendum, arborant les toutes chaudes trois étoiles mais aussi le nom de plusieurs partenaires qui ne collent pas vraiment avec l’esprit de la maison bretonne. Un acte solitaire qui honore un homme, une famille, et qui devrait interpeller toute une profession.

Alain Ducasse : bientôt sans biscuits ? 

Une étoile de perdue au Benoit, une étoile absente chez Ducasse Baccarat, un Meurice qui stagne à deux étoiles et, possiblement, la perte d’une mission de consulting emblématique pour Alain Ducasse. Le Monégasque est-il en train de perdre ses biscuits ?