Bernard Bonnet, propriétaire de l’Épuisette : « Nous lançons une action judiciaire pour manque de régularité dans la procédure de mise en concurrence »

Alors qu’il vient tout juste d’apprendre qu’il perdait l’exploitation de l’Epuisette, restaurant étoilé de Marseille que sa famille possède depuis 1976, Bernard Bonnet explique qu’il lance une action judiciaire suite à ce qu’il juge être un « manque de régularité dans la procédure de mise en concurrence ».

Bouillantes | Mercredi 30 octobre, vous avez envoyé un communiqué de presse intitulé « L’Épuisette sous le choc : la métropole demande la fermeture de notre établissement dans deux mois ». Que se passe-t-il exactement ? 

Bernard Bonnet | Il s’agit d’un imbroglio… à la marseillaise. Dont il nous faut, les équipes et moi, sortir intelligemment en cadrant les actions médiatiques et juridiques. Le restaurant a été créé en 1938 et il est la propriété de ma famille depuis 1976. J’ai racheté l’établissement à mon père en 1992. Quant au chef en place, Guillaume Sourrieu, il est en place depuis 24 années, et l’étoile brille depuis 22 ans. Depuis le début de l’histoire, notre autorisation d’occupation temporaire du domaine public maritime (AOT) est renouvelée chaque année, sans que cela ne prête à discussion. En 2017, une réglementation européenne est apparue pour gérer le littoral dans ses grandes largueurs : ça va des parasols sur les plages italiennes jusqu’aux usines pétrochimiques sur le littoral hollandais, en passant par les AOT. Lesquelles seraient désormais de cinq ans. Je dis « seraient » car le texte est bien évidemment très flou sur ce point. 

Il y a donc eu une mise en concurrence récente pour l’AOT, et donc l’exploitation, de l’Epuisette ? 

Absolument. A laquelle nous avons répondu cet été, le 7 juillet précisément. Et, le 22 octobre, la décision de notre non renouvellement a été rendue ; décision qui nous a été transmise il y a seulement quelques heures. Nous devons rendre les clés le 1er janvier pour laisser place au groupe The Social Club et la cheffe Coline Faulquier. Cette décision, nous ne l’acceptons pas. 

Concrètement, cette non-acceptation signifie que vous allez la contester en justice ? 

Absolument. Après échanges avec mes avocats, et au regard du dossier, nous attaquons en justice cette décision car il y a selon nous un manque de régularité évident dans la procédure de mise en concurrence. Je m’explique : il y a un an, Monsieur Denis Allegrini, fondateur du groupe, s’est rapproché de moi, avec la cheffe Coline Faulquier, pour acquérir le fonds de commerce de l’Epuisette. Une négociation s’est ouverte et, comme toujours dans une telle configuration, des accords de confidentialité ont été signés. Ils ont donc eu accès à tous les documents et à des données confidentielles, placés sous le sceau du secret. Les négociations n’ont pas abouti. Fin de l’histoire. Sauf que ce même groupe, toujours en compagnie de Coline Faulquier, est revenu par le biais de la mise en concurrence pour reprendre l’affaire. Là, le problème juridique est évident. Ils ont profité d’informations confidentielles pour gagner le marché. Selon mes avocats, il y a là un gros souci d’ordre légal. Souci que nous allons soulever devant le tribunal compétent pour contester ladite décision. 

Quelle est à ce jour l’avenir de vos 22 salariés ? 

Nous sommes totalement dans le flou en termes d’information. Mais, d’un point de vue légal, et tel que c’est rédigé dans le dossier de mise en concurrence – qui faisait pas moins de 284 pages -, le repreneur a obligation de reprendre les 22 salariés. Il s’agit-là pour moi d’un point essentiel : défendre les intérêts des salariés et en premier lieu du chef. 

Comment voyez-vous la suite de l’Epuisette ? 

Comme je viens de vous le dire, nous allons nous battre sur le terrain juridique et tout faire pour conserver cette maison. Seule chose certaine, c’est que si nous venions à perdre définitivement cette maison, elle devrait changer de nom car je suis le propriétaire, à titre personnel, de la marque l’Epuisette. Pour l’instant, nous avons lancé une pétition sur le site du restaurant et invitons tous les amoureux de notre adresse à la soutenir.

___

Sur le même sujet | Denis Allegrini, fondateur du groupe The Social Club et repreneur de l’Épuisette : « On a gagné cette mise en concurrence par la qualité de notre dossier »Imbroglio autour de la reprise de l’Epuisette (Marseille) par le groupe The Social Club et la cheffe Coline Faulquier

Photographie | DR

LES DERNIERS ARTICLES

Piégé, blessé, harcelé, accusé, déshonoré : Thierry Marx, martyr de l’Umih

Poussé dans ses retranchements, mis en face de toutes ses contradictions, désormais critiqué au sein même de sa garde rapprochée à la suite de ses graves accusations publiées sur Bouillantes, Thierry Marx a choisi sa ligne de défense : ce sera Marx le martyr de l’Umih. Drapeau blanc main gauche, couteau main droite.

Alexandre Gauthier annonce la date de réouverture de La Grenouillère (et celle de l’ouverture des réservations)

Fermée depuis le mois de novembre 2023 et après deux inondations venues de la Canche toute proche, le restaurant La Grenouillère du chef Alexandre Gauthier va rouvrir ses portes avec, enfin, une date précise pour le premier service. « Je rouvre avec une fragilité et une émotion salvatrices. Mon envie de cuisiner, elle, n’a pas changé. La Grenouillère reste elle-même : une maison hors-norme. »

On ira manger… au Petit Raout (La Trinité-sur-Mer)

Trois personnalités pour un raout, c’est parfois suffisant. Loin de l’esprit mondain auquel fait référence le nom de l’enseigne, le Petit Raout, « bistrot de village » promet de la belle assiette et du bon vin. Du cool Raout breton du côté de La Trinité-sur-Mer.

Thierry Marx : « J’ai suffisamment de dossiers sur l’Umih pour faire sauter le syndicat »

En à peine plus de dix minutes d’entretien, Thierry Marx, président confédéral de l’Umih menace de « se faire » un président départemental de son syndicat, de « foutre le bordel » et explique qu’il a connaissance de « commissions et de sous-commissions » au sein de l’Umih, « de quoi faire sauter le syndicat ». Et lui aussi peut-être. Un podcast surréaliste.

Engagements publicitaires et obligations syndicales : Thierry Marx sommé de s’expliquer

Depuis plusieurs mois, la fronde contre le président confédéral de l’Umih, Thierry Marx, prend de l’ampleur. Dans une lettre destinée aux présidents départementaux et membres du directoire du syndicat, que Bouillantes a pu lire, le chef étoilé est sommé de s’expliquer sur ses multiples partenariats, ses rémunérations et ses liens jugés peu compatibles avec sa fonction. Sans explications de la part du chef étoilé, sa possible destitution est évoquée. Thierry Marx, lui, menace de « foutre le bordel » expliquant que « personne n’est clean à l’Umih ». L’Umih serait-il à deux doigts de l’implosion ?

Nouveau nom, nouvelle cheffe et nouvelle aventure pour l’ex-Epuisette (Marseille)

Après une longue polémique opposant Bernard Bonnet et le groupe The Social Club, l’ancien et le nouvel exploitant de l’Epuisette à Marseille, le restaurant a désormais changé de main. Sa future cheffe, Coline Faulquier, 35 ans, dévoile le nouveau nom de l’établissement et en dessine les contours avant l’ouverture prévue au printemps.

Un repas dont le service… est le héros

Pour fêter ses 30 ans d’ancienneté au Domaine de Châteauvieux, le directeur de salle Esteban Valle organise un repas exceptionnel. Non pas spécifiquement pour le contenu des assiettes, mais pour ce qu’il va se passer en salle. Rendez-vous le dimanche 2 février en Suisse.

Beyond steak en restauration : quand le Sirha déroule le tapis rouge sang du « sans »

Dans la grande foire agro-industrielle qu’est le Sirha, il est possible pour la première fois de goûter du « Beyond chicken style » et du « Beyond steak », de la viande sans viande qui débarque en restauration collective et commerciale début février. Derrière la seule dimension technologique qui a déjà de quoi faire peur, les dangers du « faux » sont immenses.

Un inspecteur Michelin chez Top Chef ? 

En manque de popularité, le guide Michelin devrait chercher à rebondir en participant plus activement à l’émission de téléréalité Top Chef. Avec, notamment, la présence d’un inspecteur du guide France.